Après un quatrième tome qui m'avait laissé sur ma faim, voici que le cinquième volume de "Billy Bat" tient les promesses de l'introduction de ce récit fascinant, qui prend de plus en plus le chemin d'être un nouveau "20th Century Boys". Urasawa bouche ici quelques trous de son histoire avec une narration jouant avec virtuosité entre les époques, cette fois du point de vue du "héros" de l'histoire, Kevin Yamagata, le créateur original du comic US "Billy Bat". Il nous offre un outre une histoire parallèle explosive, illustrant de manière certes manichéenne mais très impressionnante la violence anti-noirs dans un Sud qui voit les droits civiques comme une aberration, voire un crime : tout le talent narratif et émotionnel de Urasawa est dans ce détour historique qui enrichit le portrait qu'il peint de l'Amérique des années 60. Mais ce n'est pas tout, loin de là, puisque Urasawa continue à construire l'histoire de Lee Oswald - cette fois (et pas comme chez le Stephen King de "11/22/63", mais plutôt comme chez le Elroy de "American Death Trip") en suivant la classique théorie conspirationniste de l'assassinat de JFK -, et nous assène aussi un coup de théâtre final (de facture "urasawaienne" classique mais non moins efficace pour autant) quant à l'identité de son "Walt Disney" alternatif. Tout simplement brillant. [Critique écrite en 2013]