Nous nous étions habitués au long des cinq précédents tomes de "Billy Bat" à être baladés à travers les époques et les intrigues sans trop nous préoccuper de là où Urasawa voulait nous emmener. Et là, dans ce sixième tome, tout change et voilà que les fils de l'intrigue se nouent, et qu'apparaît - créant un certain ébahissement - le spectre d'une nouvelle "conspiration spacio-temporellement globale" (Ouaouh !). Après le "Monstre" post-Rideau de Fer et "l'Ami" et sa secte pré-apocalyptique, voici donc la "Chauve-Souris" qui contrôle (ou pas, ce n'est pas encore très clair...) le destin de l'humanité ! Pour ceux qui trouve ça délirant écrit ici, il suffit de se plonger dans la lecture des livres d'Urasawa pour que tout cela prenne un sens redoutable et... passionnant. C'est la magie qui se renouvelle encore et encore d'un grand conteur et d'un immense dessinateur, capable de cristalliser les émotions les plus complexes tout en actionnant les leviers les plus efficaces de la narration "cinématographique". On notera aussi, et de nouveau, que l'originalité et le petit "plus" de "Billy Bat", c'est de travailler sur le matériau extrêmement personnel de la bande dessinée elle-même, et de nous donner à voir - en toute légèreté - les tracas quotidiens d'Urasawa (les doutes d'un créateur, la pression des deadlines) comme ses interrogations plus existentielles (qu'est-ce qu'il doit à son maître Tezuka ? comment un empire comme celui de Disney a-t-il pu se créer en se nourrissant d'artistes plus originaux et en flattant les goûts du grand public ?). Oui, tout cela - et bien plus encore -, c'est dans "Billy Bat" et nulle part ailleurs ! [Critique écrite en 2013]