Là où beaucoup de productions littéraires japonaises respectent le modèle bien trop classique à la Shônen Jump, ici l'équipe de ce Biorg Trinity nous balance un manga travaillé au style assez personnel. Plutôt que d'un mise en place de l'histoire hyper structurée par chapitres, ils prennent le temps de mettre un place un univers sur toute la durée du tome, jusqu'à la toute dernière page.
Un univers que l'on sent d'ailleurs très clair dans la tête de l'auteur, mais qui est assez imperméable dans les premières pages. Les personnages de l'histoire vivent leur vie, dans un monde qui leur est familier, et ils ne ressentent visiblement pas le besoin d'expliquer à voix haute ce qu'il se passe autour d'eux, qui leur semble normal. Alors que le lecteur, lui, il galère un peu.
En résulte un rythme de narration et une expérience de lecture assez singuliers mais prenants. On se pose des questions, on comprend des choses dans les bribes de vie des protagonistes, on s'attache à ce monde et on y rentre sur la pointe des pieds, comme pour ne pas déranger.
Des idées cools, ce Biorg Trinity en est rempli. Le concept de base est simple : une partie de la population terrestre est touché par un virus qui fait apparaitre des "bio bugs", des trous dans les mains des contaminés. Insérer un objets dans ces trous engendre un mélange moléculaire entre le contaminé et l'objet. Concept cool, il est surtout déclinable à l'infini : homme-pelleteuse, femme-grenouille, humains végétaux... L'évolution et les conséquences du virus vont très certainement déterminer un paquet de choses dans cette saga.
Et puis il y a le trait d'Oh Great. Le trait d'Oh Great, merde ! C'est toujours une énorme claque visuelle, des univers graphiques blindés de détails, des personnages dynamiques au possible, une composition des scènes explosives... Son style, déjà très prononcé, s'affine encore de chapitres en chapitres et son oeuvre est admirable.
Biorg Trinity ; j'ai bien aimé, et vous devriez faire pareil.