J'ai commencé à lire la série Birds of Prey de 2023 par Kelly Thompson et Leonardo Romero, et ça m'a donné envie de découvrir davantage cette équipe, notamment le run de Gail Simone sur la série qui est celui qui reçoit le plus de louanges. En outre, à part sa mini-série Domino chez Marvel, je crois que je n'ai rien lu de la scénariste, donc c'est aussi l'occasion de découvrir son travail.
Simone débarque au numéro 56 de la série, c'est la première femme qui a le droit de scénariser l'équipe si je ne me trompe pas, elle passe après deux courts runs de Terry Moore puis Gilbert Hernandez, qui eux-mêmes succédaient au long run d'une cinquantaine de numéros de Chuck Dixon, le créateur de la série.
Et de ce que j'ai cru comprendre, Birds of Prey était jusque là surtout une série team-up entre Oracle et Black Canary, et c'est avec ce tome que l'intégration de Huntress dans l'équipe va commencer à se faire petit à petit. Le concept de base c'est qu'Oracle gère tout dans sa tour de contrôle mais à besoin d'un agent sur le terrain, son handicap ne lui permettant pas d'être aussi efficace qu'à son époque Batgirl, et elle utilise ainsi Black Canary. Mais quand une opération face au nouveau vilain Savant va mal tourner, Huntress qu'Oracle ne porte pas forcément dans son cœur, va être appelée à la rescousse.
Petite parenthèse sur Savant : je ne le connaissais que de son apparition express dans le Suicide Squad de James Gunn, et en réalité son personnage est bien plus complexe et intéressant ici. Je ne suis pas fan du perso parce qu'il n'a pas un design très marquant, mais Gail Simone fait un travail remarquable pour donner de l'épaisseur à sa création.
Le tome se décompose en deux arcs : le premier face à Savant, donc, et ensuite un autre qui mixe une histoire avec Black Canary en Asie qui va se retrouver à faire un genre de team-up avec Lady Shiva et Cheshire, et de l'autre Oracle qui va se rendre compte que son système informatique n'est pas aussi infaillible qu'elle le pensait et ça va aller vraiment de mal en pis pour l'héroïne.
Gail Simone fait un excellent boulot de caractérisation, les persos sont très vivants, les interactions entre nos héroïnes sont hyper naturelles, elles ont du caractère, sont émancipées, et on sent bien que c'est une femme qui écrit, ce qui est plaisant sur un tel titre. Honnêtement je ne maîtrisais pas la plupart des persos qui apparaissent dans cette série, surtout Cheshire qui m'était inconnue, et c'est intéressant d'apprendre à connaître tous ces persos. A noter qu'il y a des pages de profil en fin de volume pour résumer un peu l'histoire de nos héroïnes, ce qui pourra aider les nouveaux venus, mais globalement ce n'est pas vraiment un tome qui s'adresse particulièrement aux néophytes de l'univers DC, c'est assez expéditif au niveau des présentations des uns et des autres.
Si la caractérisation des persos est très réussies, je suis un peu plus mitigé sur les histoires en elles-mêmes. Si elles ne sont pas mauvaises, elles sont racontées de manière un peu complexe et très bavardes, et ce n'est pas toujours évident de tout suivre. Ca n'a sûrement pas aidé que je lise d'autres BD en parallèle et que je ne sois pas parfaitement bilingue, mais il s'est trouvé que j'étais régulièrement un peu perdu sur certains détails de l'intrigue. Toutefois, les enjeux émotionnels sont palpables et y a un vrai sens du dialogue et de la caractérisation, donc ce n'est pas désagréable à lire.
Graphiquement, ce n'est pas aussi catastrophique que la couverture ratée de Greg Land, mais c'est quand même un peu le retour de balancier de l'écriture émancipatrice de Simone, avec un Ed Benes qui nous dessine des babes sexy un peu cartoony, avec des cadrages parfois un peu racoleurs. On ne sera pas étonné d'apprendre que c'est un ancien dessinateur de Gen13 (le titre un peu sexy-beauf lancé par J. Scott Campbell chez Wildstorm), et je trouve que ça essaye aussi d'être un peu dans la même veine graphique que le Batman Silence de Jim Lee, déjà un peu sexy, sorti quelques mois auparavant. Donc ça a pas hyper bien vieilli niveau dessin, mais ça reste tout à fait lisible. Disons que c'est pas le point fort du titre, surtout que les persos ne sont pas toujours hyper naturels dans leur attitudes, ce qui contraste avec l'écriture très vivante de Simone... Et pour une fois, j'ai hâte qu'on change de dessinateur. D'ailleurs on a quelques artistes qui viennent en guest le temps de quelques pages (et c'est mieux) mais Benes reste vraiment l'artiste principal.
Bref, globalement c'est loin d'être parfait, mais j'étais content de découvrir les Birds Of Prey classiques, et ça reste une lecture plutôt sympa. Ca donne envie d'en lire plus, que ce soit les auteurs précédents ou la suite de ce run.