Dies irae...
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le 1 avr. 2022
Après nous avoir enchanté avec la série « Shi » qui eut un beau succès public et critique, Homs et Zidrou remettent le couvert avec un nouveau cycle. Ce n’était pas vraiment une surprise, sauf qu’il n’y aura cette fois-ci que deux tomes où nous pourrons suivre le couple de mères encolère qui font trembler l’Angleterre. Le tout est publié au format classique de 54 pages chez Dargaud.
Après avoir fait couler la future flotte anglaise et mis à mal la possibilité d’une reconquête des Amériques, Jennifer et Kita ont fondé un collectif nommé « Angry Mothers » qui milite notamment pour l’arrêt du travail des enfants (ou le droit de vote pour les femmes). Leurs actions spectaculaires ridiculisent la police londonienne et leur font gagner des partisans. Pour mettre fin à cela, Lord Fiddle est nommé nouveau chef de la police. Ce dernier est un cousin de la mère de Jennifer.
Le seul véritable raté du premier cycle de « Shi » était sa période contemporaine qui se jouait en parallèle. Abandonné en cours de route, elle retrouve sa place ici. C’est assez incompréhensible. Encore une fois, il n’y a pas de véritable lien avec l’histoire victorienne et cela casse le rythme. De plus, le fait qu’une autre « intrigue » temporelle apparaisse avec la fille de Jennifer qui lit les lettres de sa mère porte la narration à trois niveaux. Il aurait mieux valu se concentrer sur l’histoire de Jennifer et Kita qui paraît ici balayé rapidement par des anecdotes et des explications après coup. On y perd de la spontanéité, clairement. Dans le même genre, l’histoire de la comptine qui ouvre le livre semble aussi une digression peu utile.
Les enjeux sociaux de l’ouvrage manquent également un peu de contenant. Si le premier cycle faisait apparaître un complot original, avec des histoires de vengeance, nous sommes ici dans du combat social « simple ». Les enjeux paraissent bien moins forts qu’au premier cycle où Jennifer rejetait son monde et toutes les conventions qui l’enchainaient. Le féminisme du premier cycle, factuel dans ce que vivaient les femmes, devient ici purement idéologique.
Les seconds rôles manquent également d’épaisseur. On en retrouve certains, notamment dans la famille de Jennifer, mais ça bavarde plus que ça ne développe. Seul le frère, alcoolique, semble avoir un véritable rôle à jouer, mais cela semble bien loin.
Le dessin d’Homs reste lui en revanche toujours au plus haut. C’est beau, dans les couleurs, dans le trait, dans la mise en page. C’est fort. L’un de mes dessinateurs préférés du moment à n’en pas doute. Rien que pour ses planches, la lecture vaut la peine.
Ce cinquième tome laisse perplexe. Si ce cycle est bien un diptyque, le choix d’y mettre trois niveaux de narration laisse perplexe. Avec des personnages déjà connus, il aurait été utile de développer davantage les nouveaux et d’éviter de raconter l’action au passé. On a perdu le côté viscéral de la série, en espérant que la suite, comme le suggère la dernière case, sera plus percutante.
Créée
le 23 févr. 2022
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