Produit dérivé

Ce qui est honteux avec ce projet, c'est que ce n'est pas un réel projet artistique, c'est juste un produit dérivé ! Squezzie veut faire comme le format phare de sa chaîne mais en le déclinant sur papier. Il te vend trois histoires d'horreur (pas une de plus, pas une de moins) le plus vite possible avant qu'on se rende trop compte que c'est de la merde.

Alors on peut noter que la BD aurait pu être plus qu'un produit dérivé, je veux dire que Squeezie a lancé une marque de vêtement qui semble être plus que juste un truc pour ses fans, mais qu'il avait vraiment envie de lancer sa marque (on est loin des t-shirts avec juste un dessin dessus). Pourquoi il n'a pas fait de même avec sa BD ? Pourquoi ne pas être plus ambitieux et faire juste un truc pour prendre du fric ?

En plus le fait de ne pas appeler sa BD : Thread Horreur, était, je pense, le signe qu'il voulait essayer de séduire un public plus large que son audience de départ. Sauf que pour ça il aurait fallu avoir un peu d'ambition artistique. Chercher trois illustrateurs différents, pourquoi pas ? Mais pourquoi ne pas en prendre des reconnus ? Pourquoi ne pas proposer à de vrais auteurs de BD de proposer leur version d'une histoire à partir d'une idée de départ imaginée par Squeezie ?

Non seulement il aurait permis à son audience de fricoter avec des gens talentueux, mais surtout il aurait donné de la crédibilité à son projet et passerait pas juste pour un prédateur qui ne pense qu'à vider les poches des pré adolescents.

La tragédie elle est là, Squeezie avait la notoriété pour attirer des gens qualifié et a préféré faire croquer les copains. Le népotisme, ce fléau.

Parce que là on se retrouve avec trois histoires qui n'ont rien pour elles, déjà c'est court, on n'a jamais le temps d'instaurer la moindre ambiance et c'est surtout juste un cliché... le cliché de la fête foraine maléfique, le cliché de la colo qui tourne mal, le cliché du baby babysitting dans une maison étrange... Et ça n'est jamais rien de plus, jamais ça ne propose autre chose que ce cliché.

Sans rire, chaque histoire peut se résumer à : héros arrive dans un lieu étrange, en fait machin qui avait l'air gentil est méchant, fin un peu ouverte en guise de chute.

C'est nul à chier. Il faut le dire, c'est une honte de proposer ça. Une insulte.

Surtout que visuellement il n'y a rien. La seule histoire qui un peu de soin apporté au découpage c'est la deuxième, mais vraiment c'est pas subtil pour un sous, ça abuse des contre plongées pour tenter de rendre ça inutilement effrayant. D'ailleurs de manière générale Squeezie et ses amis ne savent pas ce qui fait peur : l'inconnu. Ce qui fait peur c'est de ne pas savoir, d'être confronté à quelque chose qu'on ne comprend pas, d'insaisissable... Pourquoi donne systématiquement l'explication ?

Le pire étant sans doute la première histoire, celle du babysitting où on aurait pu avoir un doute : le personnage est-il fou, ou bien est-il en danger ? Mais non, il faut donner la solution, avec un gros plan, histoire que même les plus demeurés comprennent bien que c'est de la merde tout sauf intéressante et que le projet est à chier depuis le départ.

Ce qui fait mal à la tête c'est de se rendre compte que si on réfléchit 10s à chaque histoire, on voit bien qu'elles ne tiennent pas. Que c'est impossible et que ça veut dire que soit Squeezie est trop bête pour s'en rendre compte et que son éditeur est trop avide d'argent pour lui faire recommencer (mais bon vu les conneries qu'édite cette maison, c'est fort possible), soit il le sait et il s'en fout.

Parce que dans la première histoire, qui est une histoire d'enlèvement, à quel moment la police ne débarque pas dans la demi-heure ? le téléphone de la fille est toujours allumé ?

Dans la seconde, tout ça est retransmis en direct, à quel moment la police n'intervient pas ?

La troisième, les mecs recommencent en boucle, à quel moment des mecs soi-disant disparu peuvent refaire surface sans que ça n'attire la police ?

Il n'y a aucun effort pour que ça soit crédible. Le pire étant la dernière histoire, celle de la colo. J'ai fait 10 ans d'animation, putain les mecs n'ont même pas le vocabulaire de la colo. Je veux dire appeler une veillée : jeu du soir, ça n'a aucun sens et n'importe qui, qui a déjà été en colo ou fait de l'animation voit qu'ils ne maîtrisent même pas les bases. Sans parler de leur jeu du soir, qui est juste nul (en plus de ne pas exister, qu'ils font tous les soirs le même), y'a rien qui va.

Si tu veux faire peur, il faut que le contexte soit le plus crédible possible pour que tu te dises que ça pourrait t'arriver. Instaurer les trucs étranges petit à petit et de manière crédible afin que les personnages soient inquiets mais pas totalement en panique, faire monter la tension... Genre si des gamins disparaissent en colo, c'est bien plus crédible de dire qu'ils ont eu peur durant la nuit et qu'ils sont rentrés chez eux très tôt plutôt que de dire : ah non ils n'ont jamais été là...

En faire cette BD est une insulte au lecteur, on nous prend littéralement pour des cons. Parce que la seule réaction saine face à ce truc c'est l'autodafé. Mais faire lire ça à des gamins, leur faire croire que c'est ça une bonne BD, c'est honteux, c'est abaisser le standard qualité des gens. C'est l'apologie de la nullité.

Moi Président, tu sors ça : GOULAG !