Blue Note n’est pas juste un label de jazz, c’est aussi
une bande dessinée qui revisite une époque, une
ambiance et fait vivre la musique. Tentative
d’explication avec le deuxième tome de Blue Note.
L’année dernière on se souvient avoir été frappé par
la puissance d’évocation de l’histoire de Jack Doyle,
boxeur repenti dingue de musique aux prises avec la
mafia. Eh bien aujourd’hui on repart dans cette ville
au charme crépusculaire ; le compte à rebours est
réenclenché, nous sommes à 30 jours de la fin de la
prohibition. C’est le moment que choisit R.J pour
quitter sa campagne natale afin d’aller faire fortune
dans cette jungle d’asphalte.
R.J donc, jeune bluesman noir est un homme de
goût : costume cintré, chaussures vernies et guitare
en bandoulière, il sait faire sonner la note juste, celle
que l’on n’attend pas mais que chacun espère.
Idéaliste dans l’âme, son but est de partager son
amour du blues, de la musique et de son art au plus
grand nombre. Mais la ville ne fait décidément pas de
cadeau. Ce qu’elle donne, elle peut le reprendre
aussitôt. Entre agents véreux, flics corrompus ou
encore mafiosi autoritaires, R.J devra composer avec
cette faune dangereuse et fascinante à la fois.
Ce qui attire l’œil, une fois de plus, c’est la force du
dessin et du découpage. Dans des teintes bleutées du
plus bel effet, on ressent le pouvoir hallucinant
qu’exerce la musique sur les hommes. Quand les
musiciens jouent, les pages s’agrandissent, les cases
se défont, la structure de la planche se déforme et le
dessin chante. On entend le blues à travers un tracé
hyper évocateur et l’envie de se ruer sur son tournedisque
fait monter la température de nos tripes.
Associé à un scénario puissant, où les clins d’œils et
les parallèles avec l’histoire du 1er tome sont
légions, on comprend certaines zones d’ombre et
l’on se plait à revisiter la cohérence de l’ensemble de
cet univers fantasmé. En effet, c’est avec un bonheur
non négligeable que l’on replonge dans cette
ambiance années 30 pas mal documentée, dans
laquelle les mélomanes s’amuseront à deviner de qui
sont inspirés les personnages principaux. Des
personnages qui d’ailleurs gagnent en profondeur,
qui sortent de leurs archétypes pour devenir plus
humain, plus proches de nous, et dont on comprend
mieux les enjeux.
Parfait narrativement, visuellement impressionnant
et totalement immersif, la note est juste.
5809844