Alors que le droit à l’IVG vient d’être inscrite dans la constitution, quelques semaines auparavant était sorti « Bobigny 1972 », un ouvrage relatant un procès s’étant tenu à l’époque et qui aura un impact important dans la légalisation de l’avortement. La phrase célèbre de Simone de Beauvoir, celle qui rappelle que les droits des femmes ne sont jamais acquis, est mise en exergue pour rappeler combien il est nécessaire de ne pas oublier ce que cette lutte a été pour éviter des reculs à venir, comme on en voit tant dans le monde aujourd’hui. Le tout est scénarisé par Marie Bardiaux-Vaïente et dessiné par Carole Maurel. Le livre est publié chez Glénat pour 185 pages de lecture.


L’affaire en question est celle de Marie-Claire. Adolescente, elle est violée par un homme, tombe enceinte, avorte avec l’aide de sa mère, puis est dénoncée par son violeur. Une histoire terrible qui amène donc au procès de la jeune fille puisqu’à l’époque, on est passible de peines de prison pour avoir avorté. L’association Choisir va alors utiliser ce cas dramatique pour médiatiser cette affaire et sensibiliser la société au problème. La défense sera assurée par Gisèle Halimi.


L’ouvrage relate plusieurs niveaux de cette histoire. Il y a d’abord l’histoire de Marie-Claire et de sa mère. Là, on touche à l’intime et ces parties sont très touchantes, superbement retranscrites par Clair Maurel dont le talent pour faire naître des émotions n’est plus à prouver. Ensuite, il y a la partie politique dans l’association Choisir. Ici, on est dans un combat politique, c’est forcément plus froid. Enfin, il y a le procès en lui-même où le langage se révèle bien différent. C’est peut-être dans cet équilibre que l’ouvrage pêche un peu. Il ne fait pas vraiment de choix sur l’axe à aborder.


Le livre se veut avant tout documentaire en racontant l’affaire, le procès et ses conséquences. On y croise de nombreuses figures du féminisme. Mais davantage que sur le combat politique, c’est l’injustice qui marque le lecteur. L’injustice faite aux femmes, mais également l’injustice sociale bien mise en valeur dans le procès. Difficile de ne pas être outré par certains propos qui se tiennent au procès, même si les autrices insistent davantage sur les arguments des femmes que sur les contre-arguments affligeants des hommes, dont l’ignorance de tout laisse pantois.


Le tout est dessiné par Carole Maurel. C’est quasiment une évidence et l’autrice complète sa bibliographie féministe. Un jour, on pourra la remercier pour tout ce qu’elle a fait pour la cause. Son trait est toujours beau, doux et dynamique. Beaucoup d’émotions passent dans son dessin, dans les regards, les silences… C’est remarquable. Les flashbacks sont traités avec des trames pour les distinguer du présent. Enfin, il faut signaler que les couleurs font partie intégrante de la beauté des planches et de leur intensité.


« Bobigny 1972 » est une bande-dessinée documentaire sur une affaire des plus importantes dans l’histoire du droit à l’avortement. Il faut le prendre tel quel. J’ai appris beaucoup de choses et, étant donné l’histoire terrible de Marie-Claire, j’ai été ému à plusieurs reprises par ce qu’elle a pu vivre. Un ouvrage nécessaire en ces temps troublés.


https://blogbrother.fr/bobigny-1972/

belzaran
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le 16 mars 2024

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Pédagogique mais un peu larmoyant.

L'ouvrage se centre sur le procès de Bobigny qui brisa dans les médias français le tabou de l'avortement clandestin. Il ne se centre pas uniquement sur Gisèle Halimi, mais évoque tous les acteurs de...

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