C'est le récit du procès dans lequel Gisèle Halimi (1927-2020), avocate et militante féministe, a défendu Marie-Claire, une jeune fille de 16 ans qui avait avorté après un viol, ainsi que sa mère et les deux amies qui avaient aidé Marie-Claire. En 1972, subir ou pratiquer un avortement était puni d'un emprisonnement d'1 à 5 ans et d'une amende de 1 800 à 100 000 F (de 2 000 à 112 000 € d'aujourd'hui).

1972, c'était il y a un peu plus de 50 ans et les autrices nous font ressentir l'ambiance de l'époque et donc mesurer l'évolution des mentalités jusqu'à aujourd'hui. Cela commence dès le début de la BD, dans lequel nous apprenons que c'est le violeur qui a dénoncé la victime ! Pendant le procès, Gisèle Halimi s'emploie à faire découvrir la réalité de la vie des femmes au juge, au procureur et aux deux autres hommes siégeant au tribunal.

Le caractère sordide des évènements et du procès est compensé par la stratégie de Gisèle Halimi, qui fait défiler à la barre de nombreuses célébrités dont Delphine Seyrig, (Mme) Claude Servan-Schreiber, Jacques Monod (prix Nobel de médecine), Michel Rocard et Simone de Beauvoir.

J'ai appris beaucoup de choses et j'ai notamment découvert la dimension sociale de la question de l'avortement. D'une part, seules les femmes riches pouvaient financer un avortement à l'étranger, dans un pays où cela était autorisé. D'autre part, comme le dénonce Gisèle Halimi, il s'agissait d'une "justice de classe". En 1971, le Nouvel Observateur avait publié le manifeste dit des "343", 343 femmes célèbres ayant avorté, sans que cela soit suivi de leur inculpation. "C'est toujours la même classe qui est frappée ! Celle des femmes pauvres, vulnérables économiquement et socialement."

La mise en images de Carole Maurel, des moments difficiles comme des moments plus légers, est parfaitement réussie.

Gritchh
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le 19 oct. 2024

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