Quand le passé fait un croche-pied à la révolution grisonnante

Bonny and Pierrot, deuxième tome des Vieux Fourneaux, c’est comme une lettre d’amour écrite sur une nappe de bistrot, avec des taches de vin, quelques fautes et un charme fou. Wilfrid Lupano et Paul Cauuet continuent de nous embarquer dans les frasques de ces papys et mamys révolutionnaires qui n’ont pas laissé leur esprit contestataire au vestiaire.


Ce tome met Pierrot sur le devant de la scène. L’éternel anarchiste, jamais à court d’idées pour semer la pagaille, est confronté à un fantôme du passé : Bonny, une femme qu’il a aimée, ou du moins avec qui il a partagé un pan de vie tumultueuse. Lupano creuse ici dans les souvenirs et les regrets, tout en gardant cette plume acérée qui mêle humour mordant et tendresse désarmante.


Les dialogues, toujours aussi ciselés, oscillent entre punchlines hilarantes et vérités bien senties. Pierrot et ses camarades ont beau être des râleurs invétérés, ils ont aussi une profondeur qui te prend par surprise, surtout quand leur passé refait surface. Ce mélange entre nostalgie et satire sociale fonctionne à merveille, donnant à l’histoire un équilibre parfait entre émotion et dérision.


Paul Cauuet, de son côté, continue de sublimer ces personnages hauts en couleur. Son dessin est vif, expressif, et regorge de petits détails qui te plongent directement dans l’univers des Vieux Fourneaux. Les expressions des personnages, qu’ils soient furibonds ou attendris, sont d’une justesse incroyable, et les décors – des petites rues aux cabarets d’antan – respirent l’authenticité.


Ce tome explore des thématiques universelles : l’amour, le passage du temps, et la manière dont les idéaux se frottent à la réalité. Pierrot, avec son entêtement et ses contradictions, incarne cette tension entre ce qu’on rêve d’être et ce qu’on devient. Mais le ton reste léger, grâce à l’humour omniprésent et aux situations souvent absurdes.


Le seul reproche qu’on pourrait faire à Bonny and Pierrot, c’est qu’il manque un poil de surprise. On sait désormais à quoi s’attendre avec cette bande de papys, et l’effet de nouveauté du premier tome s’estompe un peu. Mais l’écriture et le dessin sont si maîtrisés qu’on s’en moque : on savoure chaque page comme un bon vieux fromage de caractère.


En résumé : Bonny and Pierrot est une aventure tendre et drôle, où la nostalgie se mêle à une révolte qui refuse de s’éteindre. Lupano et Cauuet livrent une nouvelle tranche de vie mordante et touchante, portée par des personnages qu’on aimerait tous avoir comme grands-parents… même s’ils râlent un peu trop.

CinephageAiguise
8

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le 26 nov. 2024

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