L'album et la série s'ouvrent sur le suicide de Salengro, suivi de l'oraison funèbre de Blum. Le dessin est prometteur et les enjeux politiques, esquissés en trois planches, ont suscité mon intérêt. Deux hommes se confrontent, le politique, Marx Dormoy, qui veut avant tout des résultats, et le flic, Mondanel, qui partage les valeurs du ministre mais a besoin de temps pour faire avancer son enquête. Le décor est bel et bien planté mais la suite s’avère décevante.


Pour moi, la série ne remplit pas le cahier des charges : on est dans un polar, il y a une enquête, des assassinats, des manipulations et la construction d'un complot, mais on apprend au final peu de chose sur l'idéologie de ces hommes de la Cagoule. Les auteurs ont privilégié l'action, on est dans une impérative logique commerciale. On ne peut leur donner entièrement tort mais je suis au final déçu par la série car je préfère nettement le polar en roman et parce qu'ils auraient pu limiter un peu la longue série d'actions et de confrontations entre Mondanel et différents interlocuteurs.


Pour moi, c'était une bonne idée de s'intéresser à la Cagoule, mais le résultat est un peu léger, les enjeux de l'époque centrés sur la défense de la République et les tensions entre "rouges" et fascistes (pour simplifier le trait) ne sont pour moi que trop ponctuellement mis en avant. Enfin, s'il y a de très belles planches par moments, et si l'atmosphère des années 30 me semble très bien restituée par Damour, j'ai eu un peu de mal à m'y retrouver entre plusieurs personnages qui se ressemblent un peu trop pour qu'on les différencie bien : les décors sont très bien campés mais le travail du dessin sur les personnages me semble moins réussi.


Dans l'entretien avec les auteurs présent à la fin du tome 1, Vincent Brugeas explique leurs choix : "je mettais en scène, je suggérais de la dramaturgie, et ça nous a permis de construire une bonne série et pas un simple récit historique plan-plan". Je ne suis pas certain que ce soit une bonne série, mais en effet, le récit historique, pour moi, est beaucoup trop ténu, la dimension historique est pour moi bien trop absente… Dans le même entretien,les auteurs reconnaissent avoir injecté beaucoup de fiction et avoir forcé le trait pour avoir un récit dynamique ("on est là pour raconter une bonne histoire, pas pour faire un cours d'histoire"), choix compréhensible mais que je regrette quand même et qui fait que la série m'a laissé sur ma faim.

socrate
5
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Tranches de passé et Merci beau papa !

Créée

le 26 août 2020

Critique lue 215 fois

9 j'aime

3 commentaires

socrate

Écrit par

Critique lue 215 fois

9
3

D'autres avis sur Bouc-émissaire - La Cagoule, tome 1

Bouc-émissaire - La Cagoule, tome 1
Owlibus
7

La Cagoule t.1

Voilà une enquête intéressante se déroulant en France, impliquant les services secrets français, les russes, les nazis, un flic ripous et l'ouvreuse du Moulin Rouge. Le tout forme un bon cocktail et...

le 13 janv. 2021

1 j'aime

Du même critique

Ma liberté de penser
socrate
1

Ma liberté de tancer

Cette chanson est honteuse, un vrai scandale : il est absolument inadmissible et indécent de tenir de tels propos quand on gagne plusieurs millions d'euros par an, alors que des tas de gens galèrent...

le 12 avr. 2012

171 j'aime

76

La Ligne rouge
socrate
4

T’es rance, Malick ?

La ligne rouge, je trouve justement que Malick la franchit un peu trop souvent dans ce film, malgré d’incontestables qualités, que j’évoquerai tout d’abord. La mise en scène est formidable, la photo...

le 21 sept. 2013

136 j'aime

78

Ernest et Célestine
socrate
9

A dévorer à pleines dents !

Pour tout dire, je ne savais rien de ce film avant d’aller le voir, je craignais une histoire un peu gnangnan pour bambin à peine sorti du babillage. Bref, j’y allais surtout pour accompagner la...

le 10 janv. 2013

133 j'aime

22