Portraits de l'auteur en rouquin
Je ne me positionnerai pas sur le dessin - j'ai du caca dans les yeux, et certains amis auteurs y trouveraient sans doute à redire. Celui de Boulet me semble cela dit efficace et de toute façon servir une fort complaisante (assumée comme telle) et très souvent drolatique auto-dérision.
Souvent frais, parfois plus grave, l'auteur nous entretient de l'inénarrable dissociation entre ses rythmes propres et ceux du monde environnant (depuis les deadlines éditoriales jusqu'à la vie des poubelles), de quelques colères souvent prises dans les micro-agacements du quotidien, des voyages ici et là, des vanités et désirs du quotidien d'auteur, et de rêveries que lui suscite une imagination d'une vivacité rare, visuellement florissant entre science-fiction et heroic fantasy, et ensemencée d'un intérêt marqué pour les sciences qu'il prend un main plaisir à traiter sur le mode d'un Grand Récit - du type de celui que Serre appelle de ses voeux -, localement dévoilé comme lieu par excellence de l'imaginaire alors qu'il le détourne (de façon souvent fort informée) pour l'anastomoser ici ou là aux hypothèses les plus farfelues.
On pourra toujours trouver à redire au caractère anecdotique du propos - et personnellement, je trouve que les Notes fonctionnent mal en recueil. Ce serait pourtant passer à côté de l'art subtil qu'a le chroniqueur, sur un mode badin, à détourer du quotidien la somme des petits ridicules, les oppositions entre désirs et réalités, l'appel des ailleurs, l'amertume légère des ici. Bref, il en va de ces notules comme de ces interactions fugaces et quotidienne : rapidement oubliées, l'atmosphère en demeure, faite de ces émotions qui m'allègent, sans que j'y prenne garde, un peu de l'absurdité et de la violence toujours plus marquée de ce monde.