Extraits et critique: http://branchesculture.com/2015/12/23/critique-integrale-boulouloum-et-guiliguili-cauvin-mazel/
Deuxième intégrale qu’on vous présente pour achever 2015 et changement radical d’univers. On laisse les gondoles à Venise (comme l’ont chanté bien mieux d’autres que nous) pour prendre la direction des fleuves de tous les dangers et de la jungle qui s’en nourrit. J’espère que, comme moi, vous avez gardé une tendresse bienveillante à l’égard de Boulouloum et Guiliguili, série d’aventure (aussi pour les zygomatiques) qui fit les beaux jours du journal de Spirou dès 1975 pour devenir Les jungles perdues en 1984 et se clore trois ans plus tard après douze ans d’une jolie longévité. Animée par Raoul Cauvin en seigneur du scénar’ et Mazel en singe du dessin efficace et attachant, Boulouloum et Guiliguili jouait sur la déclinaison de l’univers d’un personnage bien connu et dont la popularité n’a pas été démentie, encore aujourd’hui (on attend d’ailleurs un énième film en 2016, signé David Yates): il s’agit bien entendu de Tarzan.
Mais à l’heure où le personnage semble de plus en plus éculé par des adaptations n’inventant plus grand chose; en 1975, les champs de tous les possibles étaient ouverts et l’idée d’un mini-Tarzan accompagné d’un maxi-gorille était loin d’en être une mauvaise. Loin de là, et très vite Cauvin et Mazel, en plein âge d’or tous les deux (dans le Spirou Spécial Détente dans laquelle commence la première aventure, Cauvin signe près de 15 pages sur 100 avec ses diverses séries. Mazel, lui, s’est fait un nom avec Câline et Calebasse, du même Cauvin), vont trouver leur marque, et mieux, imposer la leur en tout humour et vivacité, intemporels qui plus est. Ainsi Boulouloum assure pleinement du haut de ses trois pommes sa mission de protecteur invétéré de la réserve de Kawangana et de tous ses animaux, bien souvent aux prises avec deux braconniers féroces mais pas des plus fins, Harry et Joe. Et si les petits muscles de ce « Tarzan miniature » ne suffisent pas, aux grands maux les grands gorilles, Guiliguili qui n’est pas tatillon s’en mêle!
C’est en tout cas ce que démontrent les cinq premières aventures du duo qui les amènent à de nouvelles amitiés (des animaux mais aussi des pygmées ou une équipe de vétérinaires-documentaristes) mais aussi à contrer les malfrats dans leurs tentatives de safari de contrebande, dans leurs chasses d’ivoire, la recherche d’un volcan plein de diamants ou encore la découverte d’un petit bébé naufragé (ça vous rappelle le début d’une autre histoire héroïque? C’est normal!). Avec un lot de rebondissements bien sympathiques et des personnages bien typés, Boulouloum et Guiliguili n’est ni plus ni moins qu’un classique qui n’a pas pris une ride et méritait bien une intégrale. D’autant que celle-ci se montre bien riche. D’abord, en commentaires du spécialiste Patrick Gaumer allègrement illustré de documents d’époque. Mais aussi riche en inédits, une foule de planches inédites reprenant les balbutiements de la série, alors qu’elle se cherchait encore une identité, ainsi que la totalité des récits courts fournis par les deux auteurs pour diverses occasions spéciales. De qui réunir près d’un double-album de planches jamais parues en album, sans compter les reprises des diverses couvertures du Journal de Spirou. Bref, un must, encore plus à l’heure où Mazel a définitivement rangé ses crayons de BD depuis une dizaine d’années! Et avouons-le, il nous manque!