L'an 65 de notre ère. L'Empire romain, à sa frontière la plus reculée et dangereuse : la province de Britannia. Le détective Antonius Axia, au passé trouble, y est envoyé par Néron pour enquêter sur des évènements morbides et surnaturels.
Avec Britannia, Valiant prend le parti de proposer une histoire totalement hors de la continuité de son univers. Original, le pitch de départ mêlant enquête, horreur et univers fantastique, le tout sur toile de fond historique, est plutôt de bon augure. Malheureusement, l'auteur Peter Milligan ne parvient ni à trouver de liant entre ces différents éléments, ni à insuffler de souffle à l'ensemble.
La faute en revient peut-être au format. Quatre numéros pour un one-shot avec un background inconnu, c'est assez court. Les évènements s'enchaînent trop rapidement alors que certains passages (notamment le passé d'Antonius Axia) mériteraient plus d'épaisseur. La charactérisation s'en retrouve bâclée, voire même caricaturale (Néron). Sur ce point on peut également regretter de ne pas retrouver, même au détour d'une case, le Guerrier Éternel, caméo qui aurait été appréciable et justifiable.
Si l'ambiance malsaine qui se dégage du récit est une réussite, le volume se laisse suivre mais manque cruellement d'enjeux. On a la sensation que Milligan avait une excellente idée de base mais a oublié l'essentiel : écrire une bonne histoire. Sans ce fil directeur, aucun des éléments mis en place ne fonctionne vraiment, ce qui donne à l'ensemble un arrière-goût trop fade, malgré l’originalité du propos. L'enquête progresse sans vraiment susciter d'intérêt, jusqu'à sa résolution, trop vite expédiée.
Aux dessins, l'espagnol Juan José Ryp livre une prestation honnête et appliquée. Sans être mémorable, son style détaillé colle bien à l'aspect très glauque du récit. Mention spéciale à sa "bête", très lovecraftienne dans l'esprit. On notera en revanche les quatre magnifiques couvertures de Cary Nord.
Ayant lu le tome en VO, je ne peux rien dire sur l'édition de Bliss, que j'imagine excellente comme d'habitude.
Pour tous les éléments qu'il met en scène, Britannia est un comics que l'on aurait aimé adorer, mais qui rate le coche. Enquête policière trop légère, univers fantastique sans grand relief, époque romaine à peine esquissée... Milligan ne parvient pas à donner corps à ces différents éléments. En ressort une œuvre pas désagréable mais trop vite oubliée. Et avec un tel pitch, c'est vraiment dommage.