A la lecture, on a l'impression d'être le psy et lui le patient racontant ses angoisses et sa jeunesse. Le scénario est loin d'être linéaire, le scénariste s'offrant de nombreuses digressions afin de mieux faire comprendre son point de vue. Les thèmes abordés sont nombreux comme la religion, l'angoisse, la drogue, le sexe, l'éducation, la famille, la mort, l'écriture et bien d'autres encore. Malgré une impression de trop plein, le scénariste ne nous perd jamais ou ne surcharge jamais, l'histoire s'interrompant parfois au détour d'une planche ou de quelques cases afin d'assimiler ce que l'on vient de lire.
Merci à Glenn Barr qui poursuit le travail d'écriture de De Matteis avec des dessins variés et une mise en page changeante. Le narrateur adulte est représenté de manière photographique alors que certains personnages sont très cartoony (le père se transformant même en King Kong). Il n'y a pas de cases, parfois pas de décor, la manière de dessiner varie, mais n'est jamais en dehors du contexte. La narration est changeante mais là encore elle sert parfaitement l'histoire. Le noir et blanc permet une plus grande liberté d'expression que s'il y avait eu de la couleur.
C'est abordable par tous et peut se montrer sans honte à des amis qui ne voient que le côté super-héros des comics. C'est doux, léger, mais aussi dur et profond, c'est déjanté, il y a un nombre conséquent de trouvailles graphiques et narratives mais le plus important, c'est que l'on peut très facilement y retrouver une part de notre adolescence ou quelque chose d'approchant.