Brynhildr in the Darkness est le nouveau manga de Lynn Okamoto, célèbre notamment pour être l'auteur d'Elfen Lied mais aussi de Nono², un peu moins connu.


Le synopsys de base se rapproche assez de sa première oeuvre à savoir un adolescent qui recueille des adolescentes en fuite dôtées de supers pouvoirs : Des magiciennes traquées par une organisation qui n'a pas vraiment l'air d'être composée d'enfants de choeur, des magiciennes qui luttent pour survivre. S'ensuit alors une course contre la mort durant laquelle notre héros samaritain fera tout pour sauver ses nouvelles amies d'une mort certaine : D'une part en les aidant à fuir l'organisation qui les pourchasse, d'autre part en essayant de trouver un moyen de les faire survivre : Leur vie dépendant d'une fameuse gellule qu'elles doivent ingérer quotidiennement pour subsister. Le tout entrecoupée de scênes tranche de vie / harem pour apaiser de temps en temps la tension qui oppresse nos protagonistes.


Brynhildr in the Darkness... Un reboot d'Elfen Lied ?


Non. Car même si le manga comporte de très nombreuses similitudes avec Elfen Lied (l'auteur s'amusera même à faire des clins d'oeil de temps à autres) : Son approche y est totalement différente et l'ambiance proposée, même si elle reste assez dramatique dans l'ensemble, diffère beaucoup. Dans Brynhildr nous ne sommes plus dans un climat réellement horrifique. Le manga s'avère beaucoup plus soft même s'il contient toujours des scênes violentes. La série ne véhicule pas non plus une morale poussée et se lit sans prise de tête : Il y a le groupe de protagonistes, les antagonistes méchants à leur poursuite mais globalement même si Okamoto prend soin de développer la psychologie de la plupart de ses personnages et que certains restent ambigus il n'y a pas tellement matière à philosopher sur le bien et le mal ici.


Mais alors, que vaut concrètement Brynhildr ?


Brynhildr est, disons-le, un quasi chef d'oeuvre. Okamoto arrive encore une fois à mélanger les genres (drame / science-fiction / comédie / ecchi-harem / tranche de vie / suspense / action-horreur) de manière quasi-parfaite (j'y reviendrais) nous proposant ainsi un récit unique et riche poussé par un scénario dense et très bien ficelé. L'auteur met pas mal de temps à poser les bases de son oeuvre et l'on sent une maîtrise de son scénario, qu'il gère parfaitement où il va. Un début qui ne sera pas non plus franchement exceptionnel de fait, plutôt classique et l'on pourra regretter le peu de travail accordé aux deux premières antagonistes. Non, Okamoto prend le temps de nous présenter ses personnages, de développer ses intrigues et la tension monte petit à petit. Mais alors une fois le tome 4 atteint il ne sera plus possible de décrocher le manga de ses mains. L'oeuvre transitera entre suspense, action, angoisse, peur, joie, tristesse et comédie. De fait ne vous attendez pas à un manga bourré d'action (il y en aura certes) car l'oeuvre oscille sans cesse entre différents genres et prend son temps (hormis concernant la fin de l'arc Valkyria... Peut-être un peu rushé du fait que l'auteur avait une certaine pression éditoriale due à la sortie de l'adaptation animée).


Au niveau du dessin, hormis quelques traits de visage approximatifs notamment dans les premiers tomes sur les personnages secondaires y'a pas à chier : C'est beau. Les progrès accomplis par l'auteur depuis Elfen Lied sont stupéfiants, Okamoto arrive désormais très bien à retranscrire les émotions sur les visages des personnages et l'on peut ainsi prendre le temps de les savourer et de deviner leurs pensées dans les moindres détails. Notamment concernant Kazumi, le personnage le plus travaillé : On la croirait vivante. Et je ne là parle que des personnages, mais si ces premiers sont "beau", alors le décor lui est splendide.


Concernant les personnages ?


Nous avons Murakami Ryota d'abord, qui serait en quelque sorte un croisement entre Kouta d'Elfen Lied et Light de Death Note ou encore Lelouch de Code Geass. Courageux, généreux et très intelligent il sera prêt à tout pour protéger les magiciennes (qui finiront plus ou moins toutes par être dingues de lui, harem oblige), et sa manière d'analyser les situations et de contrecarrer ses adversaires sera particulièrement prenante à suivre. Un héros qui en a dans le cerveau et dans le pantalon !


De l'autre côté les magiciennes ayant chacune un pouvoir spécifique qui leur est propre (ce point précis sera très intelligement exploité dans le manga). Kuroha a beau censée être la magicienne au centre de l'histoire, l'on se rendra bien vite compte que c'est une autre qui se détache largement du harem et qui donnera tout son sel au manga : Kazumi Schlierenzauer. Garçonne manquée, perverse, imprévisible et totalement badass elle monopolisera bon nombre de scênes et l'intérêt que vous porterez au manga pourrait bien dépendre de celui que vous lui porterez.


Il faut cependant avouer que l'auteur a parfois tendance à en faire trop avec elle, l'humour d'Okamoto étant assez porté sur le ecchi (mais pas que non plus), son côté lubrique risquera sûrement d'en agacer certains. Parfois c'est bien amené, mais parfois il faut avouer que c'est un peu lourd. Au niveau de l'ecchi les pervers risquent d'être déçus d'ailleurs, même s'il y en a toujours Okamoto s'est malgré tout considérablement calmé depuis Elfen Lied et s'auto censure désormais sur la nudité... J'aurais jamais pensé caser Okamoto et censure dans la même phrase, tiens.


Les autres magiciennes elles, seront donc un peu plus en retrait comparé à Kazumi mais restent intéressantes avec chacune leur psychologie respective, leur manière d'accepter leur tragique destinée, et de surmonter les épreuves qu'elles doivent traverser. Un petit bémol pour Hatsuna qui elle n'a pas grand intérêt si ce n'est servir de joker à l'auteur pour le développement de son scénario. Et c'est d'ailleurs là un des défauts de ce manga : L'auteur a parfois tendance à utiliser des pirouettes pour se sortir de situations critiques et disons que niveau crédibilité... On a pu voir mieux.


Pour conclure...


Brynhildr est un manga dôté d'un scénario riche et atypique nous plongeant dans un univers sombre et jongleant avec les genres ce qui fait qu'il est assez difficile de le résumer en un seul. Inspiré d'Elfen Lied, il n'en est certainement pas un remake mais les fans pourront sûrement y retrouver ce qu'ils y avaient apprécié. Plus accessible et plus agréable à lire, il se démarque nettement du flot de mangas en parution. Et les rares défauts qu'il peut contenir seront vite oubliés tant l'oeuvre est forte et je vous le conseille de ce fait nettement pour peu que vous adhériez à l'ambiance typique de l'auteur... Vous passerez un bon moment !


11 tomes lus à ce jour, en espérant qu'Okamoto nous régale encore longtemps.

Sanfiel
9
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Créée

le 26 déc. 2015

Critique lue 488 fois

Sanfiel

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