Certains affirment qu'il faut savoir s'arrêter à temps. Forcément, on ne peut pas être bon tout au long d'une carrière d'auteur : tôt ou tard, le poignet perd de sa souplesse, l'esprit est moins vif et cela se ressent au travers d'un talent sur le déclin.


Martin résout le problème du dessin en engageant d'autres dessinateurs. C'est sans doute chaleureux de sa part d'engager des gens qui ne sont pas les meilleurs dessinateurs, après tout ils ont le temps de se former en réalisant des albums. Mais en attendant, ça reste un peu moche visuellement. Sans doute mieux que ce que le précédent dessinateur faisait, mais pas de beaucoup. Les personnages sont trop figés, on s'en aperçoit surtout lorsqu'ils sont le torse nu : en effet, les corps manquent de vie, ils sont trop droits, trop statiques. Les quelques décors sont sympathiques mais pas assez exploités pour faire rêver. De plus, le côté historique documenté est un peu trop poussé depuis quelques albums, règle à laquelle celui-ci ne déroge pas. Cependant, il reste quelques rares cadrages intéressants et même un plan de nuit du bateau assez joli. Les couleurs sont assez neutres mais ne font pas mal aux yeux, ce qui est déjà beaucoup.


Pour ce qui est du scénario, Martin se fait aider par un assistant. Hélas, cela ne suffit pas : le récit est décousu, certaines situations tournent au grotesque (lorsque Arbacès déclare qu'il a bien fait de se raser cette nuit-là et qu'il porte sa tenue habituelle...), la mise en place est un peu trop longue (le traditionnel flashback de l'album), on ne sait pas trop bien ce qu'est l'objectif principal, aucun ne semble vraiment important (le vase, on s'en fout ; le vieux copain retrouvé, on s'en fout, le pétrole on s'en fout, ...). Pire, Alix est de moins en moins bien écrit : ce n'est pas le fait qu'il puisse devenir cruel par moment, ou simplement indifférent au malheur des autres, mais plutôt le fait que cet état d'esprit change trop souvent au sein même de l'album. Heureusement il reste des conflits pour ne pas ennuyer complètement le lecteur. Et l'histoire est un peu plus compréhensible que celle de "Roma, Roma ...".


Enfin, il y a Enak. Enak qui râle comme un enfant capricieux. Enak qui se met au lit de manière sensuelle. Enak qui repousse une fille qui ira pourtant jusqu'à mourir pour lui. Enak est tout de même perspicace et méfiant, et amène parfois un contre-point intéressant par rapport aux actes d'Alix.


Bref, ce 25ème album de la série est un échec, mais pas un échec aussi cuisant que le précédent tome.

Fatpooper
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le 20 janv. 2016

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