Un con en hiver. Voilà un titre qui me plait bien ! Il s’agit de celui du dernier tome en date des aventures de Canardo, le célèbre détective palmipède en imperméable. Je suis un fidèle de ses enquêtes depuis les toutes premières. J’ai toujours un vrai plaisir à découvrir un nouvel opus de ses pérégrinations.
Comme c’est souvent le cas lors des dernières parutions, il se trouve confronté à la célèbre et très réussie duchesse du Belgambourg. Cette dernière subit un petit désagrément : elle vient de recevoir une vidéo dans laquelle son père est pris en otage par un groupe de militants islamistes. Elle décide donc de sortir Canardo de prison pour mener une opération d’extraction en toute discrétion. Ce n’est a priori pas gagné vu le casting…
L’auteur fait le choix de ne pas tomber dans une prise d’otage à la Homeland. On sait où se trouve la victime. Elle possède une certaine liberté et est encadré officiellement d’un groupe de scouts. Le côté décalé et « de bric et de broc » de cette prise d’otage est plutôt réussi et fait aisément sourire. A l’inverse, il offre un rythme un peu particulier à la lecture. J’ai trouvé que l’ensemble manquait un petit peu d’intensité et que la machine narrative avait du mal à trouver son rythme de croisière.
Je dois bien avouer le scénario n’est pas le meilleur de la série. Il est très étiré et manque d’une réelle épaisseur. Les rebondissements sont finalement peu surprenants. Le véritable attrait de cette intrigue réside dans son dénouement. Il offre une ouverture pour le prochain opus qui attise les papilles de la curiosité. Dommage finalement qu’il ait fallu autant de temps pour en arriver là.
La prise d’otage donne lieu à certains moments drôles construits autour de ses scouts djihadistes. Néanmoins, l’ensemble reste gentillet et manque de densité. Le terreau narratif laissait espérer que l’auteur se montrait plus imaginatif et inspiré pour chatouiller nos zygomatiques. J’ai souri plus souvent que j’ai ri. C’est dommage car sur d’autres thèmes, Sokal a su se montrer bien plus brillant.
Heureusement, il reste Canardo et la duchesse. Ce duo est un modèle de sarcasme. Leurs joutes verbales sont hilarantes. Chacune de leurs interventions sont des petits bijoux d’écriture qui alimentent de manière constante le plaisir de la lecture. Alors que les propos tenus par la duchesse devraient nous choquer et nous la rendre antipathique et insupportable, c’est l’effet contrainte qu’elle génère : de l’affection et de la sympathie. J’ai vraiment pris beaucoup de plaisir à retrouver les deux personnages et j’ai hâte de les retrouver.
Pour conclure, Un con en hiver est un épisode pantouflard des aventures de Canardo. J’ai le sentiment que le scénario aurait pu être davantage travaillé. Mais cette fainéantise est partiellement compensée par le dynamisme et le talent de son duo de personnages principaux. Il ne reste plus qu’à attendre le prochain tome pour savoir si l’inspiration a retrouvé toute son ampleur…