Je suis un peu étonné de la note moyenne. M'est avis que Canoë Bay mérite au minimum 7 de moyenne : les dessins sont splendides, les personnages étoffés, le périple haletant non tant pour son but que pour ses embûches... Je ne m'explique pas ce 6,7 qui manque fort de générosité pour un titre si agréable - du coup, comme j'hésitais un peu entre 8 et 9, voilà qui m'a décidé.
XVIIIe siècle. Jack, orphelin d'Acadie déporté par les Anglais, ainsi que tous les Acadiens, en Floride, se retrouve enrôlé comme mousse dans la marine anglaise. Bien vite, il se retrouvera pirate. Bringuebalé d'un lieu à un autre et d'un peuple à un autre sans jamais avoir beaucoup de choix, il raconte son histoire.
Au scénario, Tiburce Oger propose une épopée réjouissante entre la mer et la terre d'Amérique du Nord, entre armée anglaise, armée française, Amérindiens et pirates. Surtout, au-delà du voyage, ses personnages ont suffisamment de volume pour justifier leur chair. Les antagonistes ont leurs raisons, ni bêtement cyniques d'un côté ni bêtement angéliques de l'autre, mais profondément humaines. Certains thèmes, pourtant abordés de façon anecdotique - ce que l'on regrettera tout de même parfois -, apportent une crédibilité que seuls les détails peuvent donner. Bref, derrière le périple se cache la vie ; la vie dans l'étau des ambitions coloniales.
On pourra émettre quelques réserves sur un ou deux raccourcis faciles du scénario, mais il s'agit bien de la seule critique négative - que l'on oubliera vite.
Au dessin, Patrick Prugne s'en donne à cœur joie dans ce récit aux paysages multiples et nous émerveille la rétine en permanence. Canoë Bay est un régal de bout en bout au trait flatteur et aux couleurs succulentes. Ça me donne très envie de découvrir Frenchman, dont Prugne signe scénario et dessins, sis apparemment dans les mêmes lieux et à la même époque.
Comment ne pas aimer et ne pas conseiller ?
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