Avec le renouveau de la Formule 1 ces dernières années suite à la fameuse série docu-mais-pas-trop "Drive to Survive" de Netflix, il semblait pertinent pour les éditeurs français de sortir un manga se déroulant dans l'univers de la F1.
C'est Noeve Grafx qui s'y colle en sortant ce manga, Capeta, commencé au Japon il y a 20 ans, en 2003 et qui avait été snobé par les éditeurs VF jusqu'alors (plusieurs raisons probables à cela : la F1 était peut-être moins à la mode (même si à l'époque de la sortie de l'œuvre au Japon on était encore en plein dans la période de gloire de Schumacher), les mangas de sport avaient la réputation de ne pas marcher en France, je ne suis pas sur que les précédentes séries de l'auteur aient été des succès en France, et c'est quand même une série longue de 32 volumes, ce qui est quand même un risque à prendre parce que si ça ne marche pas ça devient un gouffre financier pour l'éditeur).
Je ne sais pas trop si le manga ira jusqu'à la F1 ou si ça va s'arrêter aux formules de promotion (F2, F3, ce genre de trucs), mais pour l'instant on part vraiment du tout début et il faut déjà que le héros se mette au karting.
C'est un shonen du début des années 2000 et ça se ressent un peu, dans le sens où le chapitre 1 nous promet qu'il va devenir pilote (de formule 1 ou de formule de promotion, donc) mais pour l'instant il en est très très loin et il commence à peine àfaire du karting à la toute fin du tome 1. Donc autant dire que le périple de Capeta pour arriver à son but risque d'être très long. C'est impressionnant de voir à quel point l'auteur se permet de prendre son temps, mais il faut dire que le mangaka était déjà un vétéran quand il s'est attaqué à cette série, avec trois séries de plus de 10 tomes derrière lui (dont deux sont sorties en France : Daigo soldat du feu qui a été interrompue avant la fin de sa publication VF et Subaru danse vers les étoiles, une série qui semble avoir une excellente réputation d'ailleurs), donc on peut comprendre qu'il soit serein vis à vis de sa capacité à mener son récit comme il le voudra et sur le temps long.
Et à la lecture du tome 1 je comprends mieux pourquoi Noeve Grafx sort les deux premiers tomes d'un coup, puisque le tome 1 tout seul aurait pu paraître un peu chiche, vu qu'on a pas vraiment de course automobile pour l'instant. Par contre connaissant l'éditeur faudra s'armer de patience pour la suite, et on risque de devoir attendre une dizaine d'année pour pouvoir lire la fin de la série, vu leur rythme actuel de 1 à 4 tomes par an sur leurs séries.
Ce que j'ai bien aimé dans ce premier tome, c'est que le héros vient d'un milieu populaire et que son père n'a pas trop de sous. C'est chouette dans le milieu du sport automobile qui semble plutôt réservé aux plus aisés. C'est un peu l'anti Michel Vaillant sur ce point, pour citer une autre BD se passant dans l'univers du sport auto. C'est un classique du shonen d'avoir le héros qui part en bas de l'échelle sociale et qui essaye de grimper au sommet, c'est des œuvres qui croient à fond en la méritocratie et ça donne souvent quelque chose d'efficace. En plus là je pense que ça permet de rendre l'œuvre plus universelle qu'un récit sur le monde du karting avec des protagonistes venant de familles friquées, et ça met bien entendu plus d'embûches sur la route de notre protagoniste.
A part ça, ce premier tome prend le temps de poser les personnages, notamment le caractère du héros Capeta et sa relation avec son père, et ça nous raconte donc leur découverte du karting et leurs premières épreuves pour arriver jusqu'à faire un premier tour de kart.
C'est pas révolutionnaire, on est globalement face à du shonen très classique, mais ça se lit bien, et j'aime bien les dessins de l'auteur. On voit vraiment que le mangaka a de l'expérience parce son dessin est très lâché, on sent qu'il est habitué à dessiner rapidement, et j'aime bien le rendu que ça donne, loin d'être nickel, mais vivant et énergique.
A voir ce que donnera la suite, mais pour l'instant, si vous aimez les mangas décompressés (dans le sens où l'auteur prend vraiment son temps pour raconter les choses), c'est tout à fait sympathique.