Des adaptions d’Albator en BD existent depuis les années 80. Dessinées par des auteurs Français et Italiens, leur qualité est disons, hum… discutable. Car en fait, elle n’ont pas été créées par des fans ou des connaisseurs de l’Univers mais uniquement pour surfer et profiter de la Albatormania qui sévissait à l’époque. Et dessinée à la va vite. En vrac ; des persos à peine ressemblants et/ou aux caractères différents, erreurs grossière, incohérences etc. A l’époque les Japonais n’étais pas encore si vigilants avec les adaptations et les produits dérivés de leurs licences. Grosso merdo, tout était permis et hors de contrôle ce qui a donné lieu a pas mal de trucs bien pourris…
Mais Jérome Alquié c’est pas n’importe qui ! Illustrateur officiel de plusieurs séries comme Ulysse 31, Saint Seiya ou Dragon Ball le gars a fait ses preuves. En plus cette adaptation est supervisé par Leiji Matsumoto en personne donc on peut dire qu’on part sur des bases saines.
Et en effet à la lecture, ont sent la patte du Maitre et qu’Alquié connait l’univers et surtout sa charte graphique. Car le Leijiverse c’est très codifié et Matsumoto a depuis longtemps imposé des classiques dans son oeuvre. Les filles longilines à longues chevelure, les parchemins narratifs, les doubles-page et l’alternance de cases chargés et ultra dépouillés sont des poncifs du style et font partie intégrante de cet Univers.
Et à ce niveau Alquié fait mouche car tout y est sans pourtant être du bête copier/coller. Déjà, le format est différent. Cette adaptation adopte le format BD franco/belge classique; 56 pages, tout en couleurs, avec des dialogues plus dense que pour un manga. Mais Alquié a su donner sa patte à l’ensemble et s’approprier l’Univers sans pourtant le dénaturer. Je trouve qu’Alquié a réussi le mélange parfait en mixant le manga dessiné par Matsumoto et l’anime réalisé par Rintaro. On retrouve cette douce mélancolie qui se dégage des planches de Matsumoto, mais aussi cet ambiance propre à l’animé. Et le mix des 2 ambiances fonctionne. Il parle au fans de Matsumoto mais aussi au gamin qui matait l’anime assis devant la TV en rentrant de l’école.
Et c’est pareil pour l’histoire qui pourrait sans soucis être un nouvel arc des aventures du balafré. Alquié réussi d’ailleurs en quelques pages (et via les fameux parchemins narratifs) à résumer le 1er voyage d’Albator et la bataille contre les Sylvidres avant de débuter son récit. Et faut reconnaitre que ça fonctionne impec’. En réutilisant des ingrédients éprouvés et connus Alquié met en place une nouvelle intrigue avec les Sylvidres et en contextualisant son intrigue avec des éléments connus issus de l’animé comme du Manga.
Même si on sent clairement qu’il a été biberonné avec l’animé car son influence semble plus nette. La couleur contribue certainement a ce sentiment. On retrouve aussi les messages chers à Matsumoto : la place de l’Homme sur la planète et son impact, le consumérisme, la passivité des masses et des politiques, la manipulation des médias etc. C’est tellement proche et dans la droite ligne de l’animé que limite, j’aurais aimé un peu plus d’audace et de prises de risques…
Mention spéciale cependant pour avoir fait apparaitre Leiji Matsumoto dans le récit.
Le dessin j’en ai parlé plus haut, respecte les codes originaux tout en ayant sa patte. On s’immerge dans l’univers bien qu’on voie qu’on est ni dans l’anime, ni dans le manga. Ou alors un anime 2.0.
Niveau édition, Kana livre du très bon taf. Avec même une version Collector limité à 3000 exemplaires (et déjà annoncé en rupture). Papier souple et épais juste ce qu’il faut, impression nette et sans bavures, couleurs lumineuses. Annoncé complète en 3 tomes, on peux dire que cette adaptation est plutôt très réussie et respectueuse de l’œuvre originale. Et surtout que Jérôme Alquié est un vrai connaisseur de l’Univers.
Les fans du Balafré le plus charismatique seront aux anges de pouvoir lire une nouvelle aventure et pour ceux qui ne connaissent pas, c’est une bonne occasion de découvrir ce personnage emblématique.
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