Captain America : La Légende Vivante par arnonaud

Ce tome contient le court run de Roger Stern et John Byrne, deux créateurs de légende, sur Captain America (les numéros #247 à #255). Outre les auteurs, ce qui m'intéressait dans cet album, c'est qu'il contient la première fois où mes éléments préférés de la série Invaders de Roy Thomas sont ramenés dans le présent de la continuité Marvel, avec toute la mythologie Falsworth avec Union Jack, Baron Blood, Spitfire qui fait son retour le temps de deux épisodes.


Deux épisodes qui sont vraiment les meilleurs du tome à mon sens, avec pas mal de bonnes idées. Ce qui m'a surpris, c'est que Stern essaye ici de faire une conclusion à la saga Falsworth, avec tout un jeu sur le temps qui a passé depuis la guerre, et Lord Falsworth qui s'accroche à la vie quand il n'a pas terminé sa quête. En fait, le fait que Baron Blood, Spitfire et le 3e Union Jack deviennent des persos plus ou moins réguliers de l'univers Marvel n'est arrivé qu'après et n'est pas du tout prévu ici (à part pour le 3e Union Jack où la porte reste ouverte, même si le récit fonctionnerait également si on ne l'avait jamais revu par la suite).


Toutefois, je pense que ce run doit mieux s'apprécier si on a lu les épisodes qui précèdent (ce que je n'ai pas fait), puisque les deux auteurs prennent le temps ici de poser un nouveau statut quo pour le perso dans sa vie civile et de corriger certains éléments de continuité, notamment au niveau du passé et de l'origin story de Cap.


En effet à l'époque, plusieurs versions du passé de Steve Rogers cohabitaient, dont une qui, semble t-il, avait changé pas mal de choses (je ne l'ai pas lue, mais Stern en décrit quelques éléments dans le premier numéro de ce tome). Les auteurs font donc le ménage dans tout ça pour revenir à une version plus classique des origines du persos, qui est très proche de celle du film et de celle qui est encore utilisée de nos jours en comics (du coup, l'épisode entier consacré à l'origin-story de Cap, en toute fin de tome, n'est pas bien passionnant ceux qui en connaissent déjà les grandes lignes).


Dans l'ensemble, les épisodes constituant ce run sont sympathiques mais on atteint rarement l'intensité dramatique des X-Men de Claremont ou du Daredevil de Miller. Il n'y a que le moment où Cap doit se libérer des chaînes qui l'attachent à la proue d'un bateau qui est plutôt pas mal à ce niveau là, rappelant un peu la fameuse scène de Spider-Man devant se relever sous les débris dans la saga du Master Planer.


Outre ce manque d'intensité dramatique, il y a aussi le fait que les deux auteurs ont une vision de Captain America très boy-scout : très lisse, toujours gagnant et qui ne me passionne pas vraiment. Là où je trouve Byrne très bon sur les X-Men, j'aime vraiment moins son Cap à la mâchoire hyper carrée avec un sourire niais et bienveillant. Et il y a aussi un problème d'adversaires : Machinesmith est vraiment pas dingue comme vilain, Dragon Man n'est qu'un tas de muscles et Mister Hyde manque un peu de charisme.


Par contre, le fait de développer une vraie vie civile pour Steve Rogers est très chouette, avec son travail de dessinateur publicitaire qui est surprenant mais sympa à suivre. Quant à ses voisins, ils ont un potentiel certains, et se montre très rapidement attachants, notamment la nouvelle love-interest de Cap, même si ils semblent depuis être tombés dans l'oubli.


J'ai beaucoup aimé également le team-up Cap-Batroc. D'ailleurs le méchant français est vraiment bien écrit par Stern, qui en fait un vilain avec une morale, un mercenaire attiré par le gain et non pas un psychopathe sanguinaire.


Enfin, un autre élément important de ce tome est bien entendu le numéro où Cap devient potentiellement un candidat à l'élection présidentielle américaine. L'idée est intéressante et donne lieu à quelques scènes sympa (toutes les réactions des civils et des autres héros à cette idée, notamment), mais au final ça n'aboutit pas à grand chose, à part un énième discours patriote de Captain America, qui explique une fois de plus sa loyauté au rêve américain.


Un des grands axes du tome est aussi toute la thématique autour du fait que Cap ne veut pas tuer. Le personnage ayant vu trop de gens mourir pendant la guerre pour s'autoriser le meurtre aujourd'hui. Ça donne lieu à de nombreux débats internes pour le personnage tout le long du tome et on sent que ça tient à cœur aux auteurs, mais ce n'est pas l'aspect qui m'a le plus passionné personnellement.


Au final, j'ai relevé pas mal de défauts de ce tome, mais ça reste vraiment une bonne lecture. Ce sont des petits épisodes old-school bien menés, très biens dessinés pas John Byrne. Ça manque quand même un peu d'une montée en puissance, Stern semblant préférer corriger des points de continuité (ce qui reste quand même une bonne chose) que nous faire de grandes épopées.

arnonaud
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le 17 nov. 2019

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