Blade Wanderer

Mathieu Bablet prend un parti original avec Carbone & Silicum : celui de la contemplation.
Dans le futuuuur de dans trois jours, un groupe de scientifiques parvient à créer une paire d'intelligences artificielles capables d'imiter les humains, les prototypes d'un nouveau genre d'androïdes servant l'humanité. D'emblée, nos deux héros sont confrontés aux limites de leur existence : ils sont des produits, leurs maitres sont des couillons qui vont droit dans le mur, et la vie est compliquée de façon générale. Ils s'y résignent, chacun à leur façon : l'un va demeurer avec les humains et partager leurs espoirs et leusr désillusions, l'autre va parcourir le monde, seul. A chaque nouvelle génération de machines, ils se retrouvent pour un bilan.
Ce n'est pas un scénario très dense, mais c'est suffisant pour la base narrative que Bablet veut établir. A travers ces personnages relativement passif, on va effleurer, sans approfondir, tout une série de thèmes classiques de la SF, de la relation du créateur et de sa création, à l'évolution indépendantes des IA, en passant par le rôle des androïdes dans la société humaine.
Le propos est plus mature que dans Shangri-La, et même si certains monologues sont encore un peu didactiques, la trame est clairement mieux menée, avec un but d'autant plus net que l'auteur sait prendre son temps pour l'atteindre.
Et bien sûr, les dessins restent magnifiques. Bablet diversifie un peu sa palette de visages, mais ce sont les paysages qui marquent le lecteur, écrasant de leur étendue détaillée et colorée avec soin la société humaine qui s'effondre peu à peu.
Esthétique léchée, profondeur sans trop de prétention, fil narratif original, encore une preuve que l'oeuvre de Mathieu Bablet mérite d'être suivie de près. Ne serait ce que pour voir à quel sujet biscornu il va s'attaquer la prochaine fois.