Une longue introduction au retour de Carnage
Quand Marvel rame, elle ressort les personnages qui ont fait son succès à ses plus grandes heures. Dans les années 90, le tueur-en-série-white-trash-rouquin s'attirait la sympathie du public en venant grossir les rangs de la famille Spider-Man. Rejeton de Venom (un symbiote extraterrestre ramené par Spidey des Guerres Secrètes contre le Beyonder), cette déclinaison sadique et hurlante de notre monte-en-l'air préféré avait renforcé l'humanité d'Eddie "Venom" Brock, rendant le personnage plus subtile et le forçant à des alliances contre nature avec son ennemi de toujours.
Et puis il a fallu s'en débarrasser de cet embarrassant tueur, la Maison aux Idées ne s'éloigne jamais trop loin du politiquement correct et c'est finalement un autre personnage dont ils ne savaient plus quoi faire, Sentry, qui était chargé de lui donner le coup de grace en emmenant l'hôte de Carnage (Cletus Kasady) en dehors de l'atmosphère terrestre pour le démembrer.
Mais personne ne meurt vraiment jamais chez Marvel et revoilà l'infernal duo Kasady/Carnage de nouveau à l'affiche. Pour l'occasion, on ressort ses copains de l'époque : Shriek et son cri qui rend fou et le double à 6 bras de Spidey, Doppleganger. Ajoutez à ça une histoire d'hommes d'affaire peu scrupuleux, de toubibs au grand coeur et de plan infaillible qui finit par leur péter à la gueule et vous avez ce "Carnage : une affaire de famille".
Quelle originalité ! La relation entre le Dr. Tanis et sa patiente Shriek rappelle quelque peu les débuts de X-23 (un autre personnage, cloné sur Wolverine, hyper violent), pendant que Spidey et Iron Man sont là pour... en prendre plein la gueule à longueur de pages, sans que ça n'ait un quelconque intérêt pour l'avancé de l'histoire. De toute façon, malgré la centaine de pages de ce 100% dédié au retour du symbiote le plus méchant, l'histoire est réduite à peau de chagrin et seuls les amateurs de baston pure et dure s'éclateront. Encore que...
Parce que oui, Clayton Crain est capable de planches sublimes mais, à l'instar du relaunch sombre de X-Force, on a du mal à retrouver ses petits. Tout est très sombre, les masses se mélangent, les cases sont souvent volontairement "tremblées" dans une tentative de restitution de mouvement (ça file surtout mal au crâne) et les gros serrés n'aident pas à la lecture. A se demander si le format franco-belge ne serait pas plus adapté au travail de Crain.
Pas bien passionnant ce 100% consacré au retour de Carnage. Il y a fort à parier qu'il fasse bientôt parler de lui, auquel cas ce volume servira d'introduction à son retour. Mais il peut très bien aussi subir le même sort qu'un autre rejeton symbiotique, le plutôt réussi Toxin dont la présence n'a pas été signalée sur mes radars depuis trop longtemps malheureusement.