C'est en visualisant la bande-annonce d'un film d'animation japonais que j'ai découvert le concept de « Cat Shit One » et qu'un ami m'a informé qu'il s'agissait à l'origine d'un manga. Aussitôt je me suis mis en quête de l'œuvre et ai trouvé les quatre volumes de « Cat Shit One » par Motofumi Kobayashi paru en France chez Glénat. Particularité de ce seinen manga, l'éditeur a choisi une lecture occidentale et non l'habituelle lecture inverse des mangas classiques. Mais cela n'a pas grande importance, le lecteur s'adapte et apprend vite.
Apprendre est le maître-mot de cette série. En effet, le mangaka Kobayashi a choisi de présenter la guerre du Vietnam de façon originale et néanmoins éducative. Nous suivons Cat Shit One, une unité de reconnaissance américaine dans le Nord Vietnam qui était alors une zone interdite d'après les accords internationaux. Cette unité, c'est avant tout trois soldats, trois lapins.
Kobayashi a choisi de présenter les différents peuples et nationalités sous la forme d'animaux. Ainsi les américains sont des lapins alors que les vietnamiens et autres peuples de l'ancienne Indochine sont des chats. Les conseillers militaires russes sont des ours bruns et ceux de la Chine sont des pandas. De même, les singes sont japonais et les français sont figurés par des cochons – ca m'étonne à peine... Ce bestiaire ne fait pas de ce manga un ouvrage léger pour enfant car la guerre reste bien présente avec toute sa cruauté et ses horreurs.
Autre élément novateur de ce manga, les pages qui évoquent les origines de la guerre, les cartes des combats, les armes ainsi que quelques personnages essentiels de cette histoire qui ensanglanta le sud-est asiatique. On y apprend pourquoi cette guerre fut le fruit du colonialisme français qui échoua et du combat des blocs qui se servirent des peuples du tiers monde pour mener leur guerre froide, trop lâches pour se vitrifier entre eux avec leur arsenal nucléaire.
Dans ce premier volume, nous suivons donc neuf courtes missions de l'unité Cat Shit One avec le sergent Perkins, Rats le guerrier et le radio Botaski qui fera passer l'esprit de groupe avant sa propre peur. Quelques pages ont été colorisées. De même, l'auteur a reproduit ici un épisode de « Dog Shit One », la série pour laquelle il était rémunéré par son éditeur et qui reprenait la guerre du Vietnam de façon réaliste avec des personnages humains. La transposition dans le monde animal est saisissante. Enfin, l'auteur nous parle de la naissance de cette série. Un concept novateur, intéressant et éducatif à bien des égards.