Ceci n’est pas une énième « origin story » sur Catwoman, mais plutôt une « ending story » : et merci pour ça. Parler de « fin » n’induit pas forcément la mort (du moins pas de celle de l’héroïne) ; fin de cycle, donc, et renouveau pour la femme chat.
Les dessins de Cliff Chiang (à l’œuvre déjà sur une série WonderWoman, Gotham Central ou plus récemment Paper Girls) sont sympathiques sans êtres d’une originalité folle ; ils ont au moins leur singularité identifiable. Le véritable intérêt de ce « one shot » réside dans le traitement accordé au personnage et au regard qu’il porte sur elle. Ce qui nous intéresse ce n’est pas tant que Selina raccroche ses griffes que le fait qu’elle ait pris 10ans dans les pattes. Chiang fait le pari de nous présenter un personnage à la cinquantaine passée ; loin de l’image habituelle d’une Catwoman rendue sexy et féline par sa jeunesse et ses acrobaties. Peut-elle l’être encore à un âge où les femmes n’intéressent plus le cinéma ni la BD ? Ce corps « vieillissant » a-t-il encore quelque chose à faire et à apporter ?
Aux côtés de Selina, Chiang fait évoluer l’ensemble des personnages du Batverse, il nous offre un aperçu de ce que « l’avenir » leur réserve – sans en trahir leurs fondements. Ainsi, il rend à Barbara/Batgirl, rare survivante du massacre, le fauteuil dont les narrations récentes autour du personnage l’ont privé ; la laissant retrouver son aura d’Oracle, tout en l’amenant dans une direction où les autres auteurs ne l’avaient pas encore conduite.
Si une nouvelle jeunesse se confronte à ce monde vieillissant au cœur d’une vi(ll)e solitaire, il n’est pas question ici de tendre de mauvais cœur le flambeau à une nouvelle recrue : rites de passages et transmissions s’articulent autour de l’idée motrice d’entraide et de solidarité entre femmes, transmettre pour aider et fortifier, transmettre sans s’effacer.