Ce goût c'est cool et ça pétille ! En fait non…
Intrigué par ses récentes sorties sur le Label 619, ma curiosité a été piquée par le cas Neyef alias Romain Maufront. Pour me faire mon idée, j’ai dégôté sa première BD (enfin pas vraiment mais il est hors de question que je mette la main sur un manga Dofus) pour quelques euros : “Ce goût” donc ! Déjà publié chez Ankama, l’ouvrage est sorti dans la collection Araignée, qui fait un peu office de label “indé”, sans la couleur urbaine du 619.
Après lecture le constat est un peu en demi-teinte et sans mauvais jeu de mot, je suis resté sur ma faim !
Le pitch est simple : Harold, travailleur modèle abandonné par sa mère à son plus jeune âge, se réveille avec un goût étrange dans la bouche. Incapable de l’identifier et de plus en plus obsédé, il décide de se mettre à tout goûter pour s’en débarasser…
Neyef y met les meilleures intentions du monde mais n’est clairement pas scénariste et ça sent : l’exposition des personnages est absente ou baclée et les enjeux sont donc inexistants puisqu’on a d’empathie pour aucun d’eux… De l’aveu même de l’auteur, l’histoire manque de structure. Il y a des longueurs tout du long (86 pages quand même) et au final ça se conclut beaucoup trop rapidement ! L’humour, qui se veut un peu gore, fait rarement mouche. Et les références pop culture font tellement artificielles qu’on imagine aisément l’auteur jubiler en plaçant des easter eggs pour ses potes.
Autre problème, le dessin : déjà qu’on se fout pas mal des personnages, on a un mal de chien à les reconnaître puisque le chara design est loupé, tout les personnages masculins ayant le même visage. On doit donc se fier aux coupes de cheveux (en plus quasi tout le monde les a noirs) pour les distinguer (de façon cocasse, cela arrive d’ailleurs également aux personnages du récit lorsqu’ils se rendent dans un restaurant chinois). Pour les personnages féminins c’est tout bonnement impossible puisque ce sont toutes les mêmes. Je me suis demandé tout du long si ça avait un sens (“Tiens, mais la fille sur laquelle il flashe là, en fait c’est le sosie de sa mère !”) et en fait bah non, pas le moins du monde… De plus le trait est tendu, mais pas assez nerveux, ce qui donne une impression assez désagréable de raideur aux planches.
Reste la colorisation, parti pris intelligent et plutôt bien mené, qui contribue à l’ambiance générale du récit.
Au final, je suis indulgent avec “Ce goût” car il s’agit d’une première bande-dessinée et l’auteur a choisi d’arborer les deux casquettes. On sent plein de bonne intentions et d’essais, qui révèle un potentiel dormant, mais l’ensemble n’est pas assez bien travaillé au final !
Fort heureusement, le style de Neyef a énormément changé (il n’est pas ici question de progression mais bien de mutation) après cet album, puisant dans l’animation pour “gagner en dynamise et en volume”. Ce que vous pouvez constater sur le fort agréable tumblr qu’il tient désormais : http://neyef2000.tumblr.com
À voir maintenant ce que ça donne en album…