Auteur de plusieurs adaptations en bandes dessinées de H.P. Lovecraft et d'Arthur Conan Doyle, le Britannique I.N.J. Culbard nous livre ici son premier roman graphique véritablement "personnel". Et ça claque.
Trois personnages nous sont présentés dans trois endroits du monde : Yoshi au Japon, Lilly à Londres et Ray à Los Angeles. Soudain, chacun d'entre eux réalise que le reste de l'humanité a disparu. Comme ça, pouf ! Enfin presque, puisque Lilly rencontre Aaron dans le métro et que Ray découvre un homme ligoté dans le coffre d'une voiture. Yoshi, quant à lui, fait la connaissance de quelques "oni" dans la forêt, des démons japonais plus ou moins amicaux. L'un d'eux à un oeil à la place de l'anus, ça doit pas être super pratique.
Bien que partant d'un postulat identique, les trois histoires que nous raconte Culbard s'avèrent bien distinctes, jusque dans leur genre. Celle de Lilly décrit une amitié naissante entre deux jeunes femmes sur fond d'exploration urbaine. Celle de Ray touche plus au polar chargé de tension et de mystère. Celle de Yoshi déroule une aventure fantastique peuplée de créatures du folklore japonais (c'est sans doute la plus faible, car peut-être trop portée sur l'action pure et dure, domaine que l'auteur maîtrise moins).
Les trois narrations s'entremêlent au fil des pages... jusqu'à la résolution finale en forme de twist, où le lecteur comprend enfin ce qui lie l'ensemble : les décisions du quotidien et leurs conséquences.
La simplicité du dessin (aplats de couleurs, peu de détails) n'est absolument pas un défaut, cela donne au récit une grande fluidité et permet au lecteur de se laisser porter, sans avoir la tentation de décortiquer chaque case.
En bref, Culbard fait preuve d'un vrai talent pour planter une ambiance en quelques planches et susciter la curiosité du lecteur. Le tout articulé autour de personnages bien campés, notamment l'attachante Lilly. Chapeau. À quand une publication française ?