Premier film en anglais du génial Park Chan-wook, Stoker avait de multiples raisons de se planter : script écrit par Wentworth Miller de Prison Break (!), possible perte de liberté du réalisateur face aux pressions de la production, difficultés à diriger des acteurs non-Coréens...
Il n'en est rien.
Il s'agit d'un film maîtrisé reposant sur un trio d'acteurs très convaincant (quoique Kidman reste un peu sous-exploitée). Plastiquement superbe mais lent dans le déploiement de son scénario, le film distille une atmosphère tendue sans tomber dans le film d'horreur classique que son nom - Stoker, comme l'auteur de Dracula - paraît suggérer.
Difficile d'en dire plus sans dévoiler l'intrigue.
SPOILERS
Stoker n'est pas à proprement parler un film de vampires. Aucune dent pointue, aucun personnage vaporisé au soleil, aucune créature multi-centenaire... Et pourtant, l'ambiguïté demeure. Le réalisateur s'est amusé à disséminer de petits indices faisant planer le doute sur la nature ou, tout du moins, l'ascendance vampirique de la famille Stoker : les sens surdéveloppés d'India, Charles qui ne touche pas à son repas (contrairement à sa nièce, mi-vampire mi-humaine), India qui dit ne pas ressentir le froid de la cave, l'absolue discrétion de l'oncle et de sa nièce sans oublier, évidemment, leurs pulsions de mort (que le père d'India tente de canaliser grâce à la chasse). J'en ai sans doute zappés.
Si mes deux éclaireurs ayant critiqué le film semblent peu convaincus par la scène de la douche, je trouve au contraire qu'il s'agit d'un passage clé du film. Un peu provoc', peut-être, mais parfaitement justifié. Quand India se masturbe en repensant au meurtre brutal de son oncle, on réalise qu'elle a enfin accepté ce qu'elle était : une prédatrice qui prend plaisir à tuer. Comme son oncle.
FIN DES SPOILERS
Moins frénétique, violent ou WTF que les précédents films du réalisateur, Stoker déborde pourtant de qualités et parvient sans mal à susciter le trouble chez le spectateur, brouillant les pistes avant d'enchaîner sur une série de twists et un final explosif... Park Chan-wook still rocks !