Stoker est un film plus que plaisant pour peu qu’on décide de jouer le jeu du film de genre. Peu surprenant, très codifié, Park Chan-wook nous fait un peu ce que De Palma fit en son temps (et continue de faire, d’ailleurs) avec Hitchcock : l’Oncle Charlie revient, après Shadow of a doubt, pour un hommage qui se permet des audaces impossibles en sn temps, au risque du grotesque. Qu’on se le dise, la censure avait un mérite, celui de déployer des trésors de subtilité dans l’art délicat du symbole et de l’implicite. Aujourd’hui, une adolescente peut se masturber sous la douche en repensant à un une gorge qui craque, certes. On préférera les circonvolutions lyriques d’un morceau à 4 mains au piano ou le changement de chaussures de l’enfant devenant femme, par exemple.
Le montage alterné de certaines séquences est presque virtuose. On ne peut que regretter qu’il soit au service d’une intrigue si grossière, car prévisible ou incohérente.
Celle-ci pourrait n’être considérée que comme un prétexte si l’on voulait porter aux nues la maitrise du cinéaste qui, reconnaissons-le, fait preuve d’un indéniable talent, même s’il ne peut s’empêcher certaines facilités qu’on pardonnerait à un jeune débutant, comme le motif de l’hypersensibilité auditive (une incursion incongrue et maladroite de Shining, en somme) ou le générique à l’envers. La caméra ne quitte pas Mia Wasikowska d’une semelle au détriment d’une Kidman, en cougar botoxée qui s’ignore, totalement supplantée ; la métamorphose progressive de cet être qui va assumer ses désirs et pulsions est une des réussites du film.
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