SPOIL(S) INSIDE
Park Chan-wook filme bien, sait choisir ses cadres et associe les couleurs avec maestria... le souci, c'est qu'il le sait, le bougre. Trop. C'est ultra-maniéré, tape à l'oeil et, question de goût personnel : les changements de plans toutes les 2 secondes lors des moments de tension, ça me fatigue les yeux, ça me fatigue tout court.
Le scénario est si prévisible et bourré de clichés que c'en serait presque fendard si l'on était pas plus occupé à se pincer toute partie charnue de son anatomie pour se tenir en éveil. De :
- La psycho pour les nuls : "Coucou : tu veux voir mon beau complexe d'Oedipe ?!". Merci, on ne voit que ça et ce dès le départ. India aime son papa, son papa meurt, l'oncle arrive, se substitue au papa, India aime son oncle, son oncle fait mine de vouloir se taper la maman d'India, India déteste sa mère... Pitié...
- Aux métaphores d'une subtilité rarement atteinte : Tu portes des talons, tu es une femme maintenant. Après une tentative de viol tu as tué le méchant mâle en rut aidé de Tonton, arrivé là on ne sait comment, donc tu te sens sale, donc tu prends une douche, mais ce petit meurtre en famille c'est un peu ton dépucelage donc, émue à ce souvenir, on oublie pas de se peloter sous la-dite douche (comment ça "c'est du déjà-vu" ?)
- Incohérences en veux-tu en voilà : Une personne, puis deux, puis trois, disparaissent dans l'entourage d'India et de sa famille, mais à part une petite visite amicale du shériff, rien. Ce dernier n'avait pas l'air d'avoir inventer la poudre mais tout de même.
Nicole Kidman, sans vouloir vous raconter ma vie, je la regardais cette après-midi même dans Eyes Wide Shut : elle y était fraîche, naturelle... Très belle en somme. Et juste, aussi. Dans Stoker, on a la parfaite illustration des ravages du botox parce qu'au final, son apparence, je m'en taponne joyeusement le coquillard, mais le souci c'est qu'elle est désormais incapable de transmettre la moindre émotion avec ce visage lisse, figé... J'avais l'impression de voir évoluer une statue de cire. Bon, je suis sévère, il lui reste une expression faciale : la moue. Un peu.
Mia Wasikowska, qui, sans l'avoir vue dans beaucoup de films, m'est plutôt sympathique subit ici un relooking plutôt disgracieux, elle me fait penser aux petites filles perturbées de film d'horreur, en bien caricatural, toute en cols claudines, cheveux dans les yeux et d'airs revêches. Et fade, si fade.
Et le fameux oncle, interprété par Matthew Goode apprends-je à l'instant, m'a réservé une grande surprise : on a mis au point l'hybride du 3ème millénaire, le serial-killer-navet ! Sérieusement, aussi peu de charisme on est en plein dans l'erreur de casting.
Pour finir, les ralentis, fondus à deux balles, giclées de sang numérique, coupures... Bref, tous ces effets "moderne-fashion-t'as-vu" ça ne sert à rien à part si ce n'est de permettre à Park Chan-wook de se la péter un peu (plus).
De ce réalisateur, j'adore, littéralement, Sympathy for Mr Vengeance, et en ai apprécié pas mal d'autres, mais là non.
Ce film est mauvais.
Et pire : il est d'une prétention imbuvable.