Toujours de haut-vol
Le troisième tome des Vieux Fourneaux est une fois encore une réussite. Cauuet et Laputa font une nouvelle fois preuve d'imagination, de tendresse, d'humour, et de justesse dans le dessin. Cette...
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le 22 déc. 2015
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BD franco-belge de Wilfrid Lupano et Paul Cauuet (2015)
Les vieillards les plus politiquement incorrects de la BD sont de retour. Après l’énorme succès critique et commercial des deux premiers albums, la sortie du tome 3 des « Vieux Fourneaux » s’impose forcément comme l’un des grands événements éditoriaux de cette fin d’année… avec à la clé une pression maximale sur Lupano et Cauuet. Heureusement, les deux auteurs s’en sortent bien: même si l’effet de surprise ne joue plus en leur faveur, ce troisième épisode est à nouveau une réussite. Les dialogues sont toujours aussi truculents (sans surprise, on apprend que Lupano est un grand fan des films des frères Coen, de Jacques Audiard ou de Bertrand Blier), alors que les dessins restent eux aussi de très haut niveau et débordent plus que jamais de vie et d’énergie (il faut dire que Cauuet a appris ses gammes avec Régis Loisel en personne). Mais c’est surtout l’incroyable galerie de personnages qui fait la force de la série. En plus du trio infernal composé de Pierrot, Antoine et Mimile, auquel il convient évidemment d’ajouter la marionnettiste Sophie (la petite-fille d’Antoine), ce nouvel album introduit deux nouveaux petits vieux particulièrement gratinés: d’une part Berthe des Ravines, considérée comme folle par tout le monde depuis qu’elle a débarqué comme une furie avec son tracteur lors d’une fête du village en 1955 et dont personne ne veut acheter les oeufs (à part Sophie), et d’autre part un vieil anglophone à la tronche de pirate et cabossé de partout qui débarque dans le village en demandant désespérément après un certain « le biouche »… que personne ne connaît!
Lire un album des « Vieux Fourneaux », c’est avant tout retrouver le plaisir des répliques bien senties. Et dans ce domaine, ce nouvel album ne fait pas exception à la règle! C’est surtout Pierrot, l’éternel rebelle gauchiste, qui est le champion des phrases qui tuent. « Politiquement, ton grand-père, il dit que des âneries du matin au soir! Alors l’hiver, encore, ça va, les journées sont courtes… », dit-il à Sophie. « Tu commences à me courir sur l’endive, à toujours poser des questions sur la préhistoire! T’es marionnettiste ou archéologue? », enchaîne-t-il, quelques pages plus loin. Du grand art! Chaque nouveau tome est également une occasion pour Lupano de s’intéresser d’un peu plus près à l’un de ses personnages. Dans ce tome 3, c’est surtout sur le passé de Mimile qu’il se penche, grâce à une série de flash-backs sur la fuite soudaine de ce passionné de rugby vers l’autre bout du monde dans les années 50 et sur ses jeunes années mouvementées dans l’hémisphère Sud, que ce soit en Australie, en Afrique du Sud ou aux îles Fidji. Ces retours dans le passé permettent à Lupano et Cauuet de faire remonter à la surface des souvenirs parfois peu reluisants, avec comme personnages centraux des oeufs, des poules et des requins. On découvre par la même occasion que Pierrot, Antoine et Mimile, ces trois septuagénaires un peu galopins qui passent leurs journées à faire la leçon aux nouvelles générations, n’ont pas toujours eu un comportement irréprochable. Loin de là même! Car dans les « Vieux Fourneaux », tout le monde en prend pour son grade, les jeunes comme les vieux. C’est précisément ça qui est jubilatoire!
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Créée
le 13 nov. 2015
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