Devanture magnifique, quatrième de couverture intrigant, c'est peu dire que d'annoncer que l'emballage donne furieusement envie de se plonger dans cette histoire.
La première ouverture fait un peu déchanter : le dessin en "ligne claire" n'est pas très beau, les cases ne sont pas très fouillées et les couleurs rappellent fortement les aplats un peu bourrins de la fin des années 80 et du début des années 90.
mais rapidement on est prit par cette histoire, on s'attache aux personnages et les pages se tournent vite (d'autant qu'on ne s'arrête pas sur la composition des images, à nouveau plutot pauvre).
Et on le referme content de l'avoir lu, content d'avoir suivi cette histoire, avec un peu d'ambivalence bienvenue sur son dénouement, mais avec un goût d'inachevé dans la bouche.
Inachevé parce que j'aurais vraiment voulu en voir plus de l'"autre Lubin", auquel j'avais plus envie de m'identifier. Mais cela, la BD nous l'interdit, d'un coté car on est collé à la vie du premier Lubin, qu'on nous présente comme le héros de l'histoire, de l'autre car le second Lubin est présenté comme un méchant, un manipulateur, etc...
Oui mais
Oui mais si on s'arrête plus de cinq secondes sur son cas, il ne fait au final que ce que le premier Lubin essaie de faire : garder le contrôle de sa vie.
Il fait au final bien moins de crasses à son double que celui-ci en fera au cours de l'histoire. Le premier Lubin, notre héros, agit souvent comme une enfant colérique, se victimise et met tous ses échecs sur le dos du second Lubin sans jamais se remettre en question. Le rasage de crane, son comportement face aux investisseurs ou son action débile pour se faire arrêter ne servent qu'à pourrir la vie de son double, qui semble au final être une personne bien plus décente : il ne coupe pas le premier Lubin de ses amis, reste proche de sa famille, et esasie au début de mettre de l'ordre sans leur vie.
Sauf que le second Lubin n'est pas un artiste incompris, bordelique et immature. Et ça, la BD nous fait vite comprendre que ça en fait le méchant. Ce parti-prit dessert au final le resenti d'après lecture, d'autant que les promesses du 4e de couverture d'un questionnement fort sur l'identité, la dualité de l'être, etc... est plus un effet d'annonce qu'une réelle intention. les questionnements sont survolés, et vite expédiés au profit d'un listing de pourquoi le second Lubin est le méchant de l'histoire.
un deuxième tome du point de vue de celui-ci ("Ces jours qui apparaissent" ?) enrichirait fortement l'univers et permettrait réellement cette fois de remettre en perspective l'histoire et de questionner le lecteur.
En attendant, cela reste une oeuvre agréable a lire, que je relirais avec plaisir et conseillerais, mais qui reste en surface d'un sujet potentiellement passionnant.