Cité 14, saison 1 par belzaran
« Cité 14 » est un projet mené par Pierre Gabus (au scénario) et Romuald Reutimann. Le principe, expliqué en préface du premier tome, est de proposer des épisodes mensuels en BD sur le thème de cette fameuse cité. Chaque épisode fait 30 pages, format A5 et ne coûte qu'un euro. A la fin de l'année (et donc de la première saison), on obtient douze épisodes qui forment un tout.
« Cité 14 » se veut avant tout indéfinissable. Il a un côté rétro (épisodes mensuels sur un papier de mauvaise qualité, « jetable » comme disent ses auteurs !), un style graphique peu reconnaissable (avec des influences manga, comics et franco-belge) et est pourtant fondamentalement moderne par son format original. Je tiens à préciser que j'ai découvert « Cité 14 » bien après sa sortie et que j'ai lu la saison 1 d'une traite, à l'aide d'un coffret regroupant les douze fascicules.
L'avantage de la parution épisodique, c'est qu'elle permet une narration beaucoup plus diversifiée que dans une œuvre plus classique. A la fin des 30 pages, on a systématiquement un suspense qui donne envie de lire la suite. Or, la suite reprend rarement exactement là où c'était arrêté l'épisode précédent. Certes, les révélations forment un tout sur la vie de la Cité 14, mais les multiples intrigues et personnages permettent de découvrir le monde avec parcimonie. On ne découvre la richesse de cet univers qu'au bout de plusieurs épisodes. Et à la fin de la première saison (qui a une vraie fin), de nombreuses interrogations et zones d'ombre subsistent.
Mais qu'est donc l'univers de « Cité 14 » ? Difficile à définir, il faut bien l'avouer. Les influences sont nombreuses. C'est avant tout une œuvre d'anticipation, malgré son aspect résolument rétro... On pense à l'Amérique bien sûr et ses gratte-ciels (bien que Cité 14 soit implanté dans un désert !). Les humains côtoient donc des animaux, mais également des... extra-terrestres ! Très vite, nos repères sont mis à mal et beaucoup de bonnes idées donnent une vraie cohérence à l'ensemble. C'est assez incroyable car le patchwork concocté par les auteurs paraît incroyablement crédible malgré les multiples influences visibles. Un véritable tour de force.
On suit donc l'histoire d'un éléphant exilé et d'un reporter castor contre une cité gangrénée par la corruption et la mafia. Les personnages ne sont pas caricaturaux, leur passé resurgit au fur et à mesure et les rend très vite attachants.
Au niveau graphique, c'est assez étonnant. Le style paraît parfois naïf, voire presque maladroit (certainement dû au nombre de pages très important à dessiner) Et à côté de ça, il y a une vraie richesse, une profusion de détails pour un format aussi petit. Les décors sont très soignés et participent beaucoup à l'immersion. Si j'avais une réserve au début de ma lecture sur le dessin, il faut avouer qu'au fil des épisodes, il m'a largement convaincu et j'en suis devenu fan. Absolument pas démonstratif, il n'en est pas moins virtuose par bien des aspects. J'avoue avoir pensé au desin de Guarnido dans « Blacksad » par moment mais c'est avant tout l'usage d'animaux anthropomorphisés qui m'a donné cette impression. Le tout est en noir et blanc, rehaussé de gris. Au final, un dessin élégant parfaitement adapté à l'univers.
Je n'avais rien lu de ces deux auteurs et je suis très enthousiaste une fois la lecture de cette première saison terminée. De plus, le fait d'avoir un coffret regroupant douze petits fascicules de trente pages (soit 360 pages quand même...) donne un aspect collector à l'ensemble. Un bel objet pour une bibliothèque ! Il est d'ailleurs regrettable que ce format ait été abandonné pour la saison 2... (les épisodes sont regroupés dès le début dans un ouvrage unique) Cependant, « Cité 14 » est une œuvre originale, riche et avec une forte identité. A découvrir d'urgence.
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