Je lis rarement de la Bédé depuis quelques temps et encore moins de comics. Alors qu'enfant je faisais des kms à pied ou en vélo pour acheter le dernier magazine Strange à la gare de Libourne. Et c'est par hasard à la médiathèque montpelliéraine que je suis tombé il y a quelques mois sur le tome 2 de ces recueils "Civil war". Cette fois, mon beau-fils a réussi à choper le premier tome. Je vais lui piquer bien entendu.
Sur ce premier épisode, je retrouve le caractère réaliste de l'histoire, de son traitement. Je devrais peut-être parler de "concept" plutôt que d'histoire puisque ces recueils sont constitués d'extraits divers de différentes bédés, de différents auteurs et dessinateurs. Cette série ne suit pas toujours un récit linéaire par conséquent, tout en restant ancrée sur le thème de la guerre civile que se livrent les super-héros.
A l'image d'un mythe tutélaire, cette guerre permet de questionner le thème de la liberté et de la démocratie, ainsi que la définition même du genre, de ces comics, le caractère de super-héros interférant avec la liberté que leurs pouvoirs leur confèrent. Comme le parti pris narratif se développe sur un réalisme forcené, bien évidemment la conséquence politique divise la communauté des super-héros, mais également le regard des humains sur ce problème. Postulats fort intéressants mais qui ne se contentent pas de cela.
Ce qui fait la force de cette série et de son ultra-réalisme, c'est que les individus comme les groupes qui se forment ne sont pas aussi caricaturaux que dans le comic traditionnel que j'ai connu gamin. La frontière entre les communautés sont poreuses. Les personnages ne sont pas formés d'un seul bloc et donc sujets à atermoiements, à la violence de leurs doutes, qu'ils soient d'un coté ou de l'autre de la barrière.
A la fin de cette lecture, je me pose la question de savoir si la Bédé est destinée aux adultes ou si elle peut faire également le bonheur des enfants. Je crois que oui, même si l'aspect sévère des réflexions intimes auxquelles sont assujetties les personnages peut se révéler a priori un peu austère. Le dosage entre action et discussion reste équilibré. Ce qui peut rebuter la marmaille, c'est les grands écarts qui existent entre les situations, les traits des divers extraits, même si la problématique générale demeure ce conflit inter-superhéroïque.