Clémence en colère
7.7
Clémence en colère

Roman graphique de Mirion Malle (2024)

Ça se lit.

En fait, le titre est mauvais et dirige le futur lecteur dans une mauvaise direction. Pareil pour la couverture. On penserait que l'on va lire une histoire sur une femme en colère, mais c'est plutôt une histoire sur la colère d'une femme. Et comment elle va la gérer. Donc non, il n'y aura pas une séquence où elle pète un plomb et vide son sac, dénonce des blancs cis-genres, fout le feu à un bâtiment ou que sais-je. En fait, le livre est plutôt bavard et consiste à essayer de comprendre ce qui rend Clémence en colère et comment elle peut trouver un apaisement. En colère, elle ne l'est jamais vraiment.


C'est tout de même intéressant, même si c'est un peu facile : on ne décortique pas vraiment les étapes, l'auteure n'essaie jamais d'expliquer le mécanisme psychanalytique, elle nous montre juste un personnage qui va à un groupe de parole mais qui a aussi la chance d'être bien entourée. De ce fait, ça manque de conflit mais aussi ça paraît facile, or toutes les femmes dans cette situation n'ont pas cette chance. Mais disons que l'intérêt de l'album réside dans les ressentis, les émotions du personnage et l'espoir que la démarche laisse entrevoir. Cela pourra donc sembler superficiel pour certains lecteurs, pour d'autres j'imagine que même si rien n'est approfondi, ça laisse espérer que, s'ils ont été victimes, ça ira mieux.


Il y a quelques tics féministes dedans qui peuvent emmerder, mais Mirion semble se retenir car ce n'est pas ici son combat principal. Mais l'on pourra avoir l'impression que les mecs sont tous des connards, sauf s'ils sont bi à la limite, et que les gens qui violent sont toujours des mecs envers les femmes. Elle n'appuie pas trop là-dessus, donc ce manque de nuance ne dérange pas tellement, mais bon, il y a tout de même cette impression naïve que les nanas sont les meilleurs êtres humains au monde et qu'un groupe de nanas c'est forcément trop coooooool.


Le dessin est chouette, avec hélas parfois des effets mangas (visages simplifiés et arrondis), mais qui passe bien ; un dessin volontairement naïf qui brille par ses compositions et ses couleurs. Le récit est bourré de dialogues, Mirion s'amuse avec sa caméra sans jamais en faire trop, s'amuse avec les motifs (cheveux et tatouages surtout). Le texte est bien écrit tant sur le fond que la forme. Les pages sont bien aérées.


Bref, l'album se lit bien et se révèle même nécessaire même si je pense que ça ne va pas assez loin.

Fatpooper
7
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le 15 juil. 2024

Critique lue 50 fois

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