Clifton fait partie de ces BD que, étant gosse, pas riche et avec des parents pas du tout bédéphiles, je n'ai pu entrapercevoir qu'à la faveur d'un de ces albums reliés du journal de Tintin, que par ailleurs je n'avais pas l'occasion de lire.

Le Clifton dont je parle n'est pas l'original, mais la reprise par Turk et De Groot, l'auteur original, Macherot, ayant quitté Clifton pour faire la série Sybilline chez Spirou. Je n'ai jamais lu son Clifton, en revanche, celui de ses collègues m'avait laissé un goût délicieux de charme britannique romancé. Il faut être belge pour porter un regard si british et distancié à la fois sur nos voisins britanniques, leurs manies et leurs fiertés. Je me dis aujourd'hui que cette série très bien faite à la fois graphiquement et par ses scénarios et dialogues mériterait une adaptation en dessin animé ou, pourquoi pas, en une série Tv faite par les principaux intéressés, outre-Manche.

Clifton est un militaire à la retraite, classe et coincé, de sa Très Gracieuse Majesté, devenu agent plus ou moins secret pour se désennuyer de sa vie de cottage et arrondir ses fins de mois, sans doute. C'est une sorte de James Bond, mais d'occasion et pétri de principes dont, la plupart du temps, le héros de Ian Fleming, tenant plus de l'assassin officiel que du héros romantique, ne s'embarrasse guère. Sollicité par Scotland Yard et le Mi5 quand ils n'ont pas d'autre alternative, le grand blond moustachu à la belle décapotable des années 30-40 résout ses affaires avec le sérieux et la régularité de "La Panthère rose". Il rentre entre deux aventures dans son cottage où il est soigné aux petits oignons par Miss Partridge, son employée de maison impeccable, une fine mouche rondelette au caractère anglais bien trempé.

On s'aperçoit vite que Turk et De Groot ont adoré s'occuper de Clifton dans son décor britannique d'époque. Clifton est vu comme un héros justicier occidental positif, mais c'est l'occasion de mieux se payer la tête de la police, de sa mentalité autoritaire et de ses méthodes musclées : on voit du premier coup d’œil un peu exercé qu'on est là dans une BD des années 70.

Le graphisme de dessin rond surprend presque, tant on pourrait s'attendre à trait semi-réaliste commun à l'époque pour ce format d'aventures. Et là, le trait de génie opère car ce graphisme fournit ce qu'il faut de fantaisie au spectacle visuel pour faire de la BD Clifton un univers unique en son genre par sa drôlerie.

Chance pour moi, ma médiathèque de référence a acheté tous les albums !

Amateurs de BD délassantes, malicieuses et authentiques, je vous laisse découvrir les 18 albums de l'inénarrable Clifton !

Edonor
10
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le 4 janv. 2024

Critique lue 17 fois

Edonor

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