Clover, Clover... C'est un peu comme s'il ne se passait rien et énormément de choses à la fois...
Un bon petit furyo des familles ! L'on prend définitivement plaisir à suivre les aventures de nos trois comparses Kenji, Tomoki et Misaki, aux personnalités opposées mais complémentaires et qui, sans être tous trois des coq de combats (Tomoki est le type introverti et banal par excellence), vivent leur vie lycéenne mouvementée par de multiples combats à la fois complétements vains et palpitants à suivre. Entre le sérieux Kenji qui bosse à mi-temps pour payer ses dettes, le calme Tomoki obsédé par la réparation de sa kawasaki et le pitre Misaki étrangement obnibulé par la pèche et adepte du principe de toujours rendre équitablement la pareille aux autres (il vomit tout de même sur un loubard dès les premiers chapitres afin d'être quitte avec lui) et fidèle comme personne à ses amis, ce qui lui vaut d'être toujours fourré là où il y a des combats, l'auteur dresse le portrait d'une jeunesse à la fois pleine d'humour, de drame et de violence et de je m'en-foutisme, à travers ses très bons personnages secondaires comme Ittai, Gengen ou Sanada et les histoires autour desquelles ils virevoltent.
Le découpage est bon, les mouvements des personnages dynamiques et les scènes de combats, leurs enjeux et motivations toujours lisibles. Le dessin est aussi d'une très bonne qualité, les contrastes sont marqués, les personnages ont tous des faciès reconnaissables, y compris pour des personnages qui apparaissent peu ou en bande, le trait est détaillé, âpre parfois, et sait transmettre avec acuité l'intensité des combats, le poids des coups portés et reçus, ainsi que les brusques changement d’atmosphère autour des personnages lorsqu'ils sont sujet à des excès de violence ou à des émotions intenses (ceci est surtout valable pour Misaki)
Malheureusement, le furyo n'étant pas franchement populaire en France, le manga n'a été édité que pour les 9 premiers tomes, alors que le récit en est rendu au tome 33 au Japon, et est difficilement trouvable en occasion comme il n'est pas réédité.
Cependant, même si vous n'êtes pas adeptes de la baston et de la violence, voire des univers tranche de vie essentiellement masculin aux blagues parfois un peu trop emplies de testostérones et de virilité (mais comme elles sont dites par Misaki, elles sont décridibilisées), Clover reste une très bonne expérience de lecture qui mêle ces divers éléments presque de façon modérée, la violence étant brute sans jamais être gore, magnifiée ou inconfortable, et dont les personnages ainsi que le dessins constituent les plus gros point fort. Avec son humour idiot, Clover parlent de la délinquence juvénile sans être cliché, même si bien évidemment il utilise les tropes du furyo et des représentations de racaillent, mais aussi d'autres sujet plus dramatiques comme l'inégalité sociale, le pouvoir de l'argent, les violences domestiques et bien d'autres choses sans jamais pour autant dramatiser le propos ou accentuer le récit sur ces thématiques.
En somme Clover est cru et piquant. C'est un manga qui vous fera assurément passer un bon moment voire une bonne tranche de rire, parce que le rire dédramatise et permet d'énoncer des choses dures. Si vous le pouvez, lisez-le.