Les nones sans John
La religion permet à ceux qui en sont les serviteurs de fait payer les fautes qu'ils commettent par les autres. Les femmes et les hommes qui dirigent voient bien qu'ils ne sont que de simples...
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La nuit de ma rencontre avec Le couvent de la bête sacrée, je m'attendais simplement à trouver un film érotique un peu moyen ancré dans la révolution des mœurs et profitant de son cadre religieux pour ouvrir les tabous liés à la répression de la sexualité, notamment féminine et quelle ne fut pas ma surprise devant ce film.
Tout d'abord ce film était bien meilleur que ce à quoi je m'attendais, et ce dès les premiers plans sur cette jeune fille qui déambule dans la ville, pleine d'assurance, à la recherche d'un inconnu avec lequel perdre sa virginité, qui m'ont happé par leur beauté. La photographie de ce film est maîtrisée, très belle, la lumière soulignant à la fois la beauté des corps et l'atmosphère malsaine de ce couvent aux apparences trop propre. Le jeu d'acteur est bon et les personnages moins archétypaux qu'ils n'apparaissent, notamment le trio d l’héroïne, de la mère supérieure et de l'abbé.
C'est le genre de film qui imprime votre mémoire pendant quelques jours au moins après le visionnage, et ce pour plusieurs raisons. Tout d'abord, la mise en scène des corps et de ses châtiments qui transcrivent la douleur physique et l'érotisation du corps féminin, sert de catharsis aux désirs refoulés de violence et de sexe des nonnes peuplant ce couvent. L'enquête du personnage principal et son attitude générale de soumission simulée permettent une progression plutôt fluide de la diégèse mais surtout d'explorer les motivations des hauts placés. Mais ce qui en fait un film plus intéressant qu'a priori c'est le personnage de l'abbé, et tout ce qu'il implique. Symboliquement, de par sa position, ce personnage représente la ligne directrice de l'Eglise et de ses enseignements, il est celui à la position morale et hiérarchique respectable, un modèle de vertu auquel aspire chaque nonne de ce couvent tel un idéal. Cependant, sa perversion qui se farde de religion alors qu'il crée autour de lui des tragédies comme celle de la mère de l'héroïne et servent d'exutoire à la mère supérieure permet une critique de la religion et d'une certaine hypocrisie de ses représentants. Cependant le film est loin d'être manichéen, il n'y a pas de méchants supérieurs d'un côté et une juste vengeresse de l'autre, et c'est là que le film est malin. Le couvent, symbole de cet ordre du monde manichéen, n'est rien d'autre qu'un écrin de pureté souillée et entachée mais est aussi le théâtre du monde immanent, un monde où le manichéisme n'existe pas et où les notions de Bien et de Mal ne sont pas bien définies. Certes la mère supérieure et l'abbé sont condamnables par leurs actions mais les autres nonnes, par leur passivité et participation aux châtiments le sont tout autant, tout comme le personnage principal n'est pas un modèle de vertu. Le couvent est le théâtre de l'absence de dieu et de justice en ce monde. L'abbé est le personnage qui le représente le plus. Sa décadence et sa tragédie est justement d'avoir cru aveuglément en une justice divine, où les justes sont gratifiés par dieu, jusqu'à ce que Nagasaki et sa bombe atomique arrive... Non seulement il s'agit d'une tragédie humaine qui a tué des milliers de civils innocents au moment de l'impact mais qui continue de faire des victimes parmi les survivants et leur descendance, survivants desquels faisait partie l'abbé de ce couvent. Le choc du bombardement a été tel qu'il a secoué la foi de cet homme et qu'il a développé un comportement cruel envers les croyants, ici les jeunes nonnes qu'il viole. Si tout comme lui elles espèrent être sauvées et amnistiées par dieu, alors il leur prouve que dieu n'existe pas ni n'agira pour les sortir d'une situation atroce peu importe la ferveur de leurs prières. Le monde est injuste et cruel, il en est à la fois l'exemple de victime et de bourreau.
Moralité, ce film est plus intéressant que ce qu'il laisse paraître et derrière sa critique de la religion reviens sur les bombardements atomiques, en se fixant sur celui de Nagasaki qui, contrairement à celui d'Hiroshima, n'a pas fait l'objet d'un traitement cinématographique conséquent. Ce film rrempli bien son cahier des charges de film érotique et pour peu que l'on aime ce genre de film, son traitement cinglant de la religion et du sexe permet de passer un bon moment
Créée
le 31 juil. 2017
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