Clumsy
6.2
Clumsy

Comics de Jeffrey Brown (2006)

People are assholes but that's okay

J'ai découvert Jeffrey Brown avec "AEIOU". J'ai ensuite chopé ses autres albums dans le désordre et un des derniers achetés, c'est celui-ci, son premier (enfin je crois qu'il avait sorti un cat book avant, je ne sais plus, mais cet album-ci, si je me souviens bien de ce que j'ai lu dans ses autres BD, a été réalisée avant le catbook et auto-éditée avant qu'un éditeur ne s'y intéresse). Malgré la note mise à mon arrivée sur le site (7/10), je me souviens que j'avais pas super accroché à l'album en le découvrant. Le style graphique ne m'avait pas enchanté et j'avais trouvé ses histoires assez peu intéressantes. En me lançant dans une relecture, je me suis demandé si mon avis allait se renforcer ou au contraire prendre une trajectoire opposée. Je suis content d'avoir changé d'avis.


J'aime beaucoup le style minimaliste de Jeff. Malgré des perspectives bien foireuses, les cadrages sont intéressants. Et puis surtout, Jeff se donne pour mission de 'filmer' ses personnages le plus intimement possible, il évite ainsi tout cadrage spectaculaire, se concentre sur les petites choses que font les petits personnages. Le trait est simple, libre, sans doute pas dénué de défauts, mais on sent que l'auteur laisse plus de liberté à son trait qu'il ne le fait aujourd'hui. Si le dessin peut rebrousser à première vue, force est de constater que tout est lisible (les scènes de nuit et de pluie sont les moins claires). Les personnages sont reconnaissables. Les lieux manquent sans doute un peu de personnalité, d'ailleurs on ne sait jamais dans quel chambre on est si un personnage ne le précise pas (vu que les personnages se retrouvent dans des lieux différents à des moments différents et pas mis dans l'ordre chronologique en plus), sauf peut-être en ce qui concerne certaines chambres d'hôtel (on reconnaît un peu plus la disposition typique de ces lieux). Le découpage est efficace par rapport à la narration, avec quelques moments de silence là où il faut.


Les histoires sont touchantes. Là où je n'avais vu que superficialité à l'époque, j'y vois désormais... toujours de la superficialité. Mais c'est justement ça qui est beau : Jeff pose son regard sur les choses auxquelles on n'attribue que peu d'importance. À la manière d'un Louis CK ou d'un Larry David, au fond, sauf que le ton est différent. Mais on sent cette volonté de parler des petites choses du quotidien. Certes, il reste des passages obligés, des passages plus attendus comme la première nuit de sexe, mais on a aussi des petites scénettes beaucoup moins évidentes alors que nous sommes probablement tous passés par là.


J'aime beaucoup le traitement des personnages : Jeff les montre avec leurs défauts et leurs qualités, sans dire s'ils agissent bien ou mal. Cela a un côté frustrant, car les personnages sont tous les deux un peu égoïstes, mais ces traits de caractère amènent de bonnes scènes, l'auteur les exploitant bien sans jamais trop s'éparpiller (en prenant des gens réel, il pourrait être facile de vouloir tout représenter de ces gens, lui se focalise sur certains traits). On se doute qu'il devait y avoir un côté thérapeutique à la réalisation de cet album, mais Jeff parvient à en tirer une substance susceptible d'intéresser d'autres lecteurs.


Bref, j'ai passé un bon moment à la lecture de cet album, bien meilleur que lorsque je l'ai découvert pour la première fois. Tant mieux !

Fatpooper
8
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le 28 avr. 2017

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Fatpooper

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