Avec Coke en stock (1958), Hergé entraîne Tintin et Haddock dans une aventure maritime où la contrebande, la traite humaine, et les quiproquos géopolitiques s’entrelacent dans un joyeux chaos. Cet album, plus orienté vers l’action et les intrigues complexes que les mystères exotiques, est une plongée dans des eaux troubles où le danger se cache derrière chaque vague.


L’histoire démarre sur les chapeaux de roue lorsqu’un vieil ami du capitaine Haddock, le prince Abdallah, réapparaît avec son lot de caprices explosifs (littéralement). Mais derrière cette visite perturbante se cache une affaire bien plus sombre : un trafic d’esclaves modernisé, avec des ramifications qui emmènent nos héros des ruelles de Wadesdah aux océans périlleux. Entre poursuites, explosions, et rebondissements à la chaîne, l’intrigue avance tambour battant.


Tintin, fidèle à lui-même, incarne une fois de plus la perfection héroïque. Avec sa capacité surhumaine à se sortir des pires situations et son flair pour les complots internationaux, il est un modèle de droiture… mais parfois un peu trop. Ce qui lui manque en spontanéité, il le compense en efficacité, mais on aurait aimé le voir vaciller un peu dans cette mer agitée.


Haddock, en revanche, est un festival à lui seul. Entre ses colères légendaires, son vocabulaire fleuri ("mille sabords !") et ses mésaventures maritimes, il apporte un souffle comique et humain à cette intrigue lourde. Ses interactions avec le prince Abdallah et son combat perpétuel avec la modernité (et ses ennemis) sont des moments de pure délectation.


Les méchants de l’histoire, bien que fonctionnels, manquent peut-être un peu de charisme par rapport aux figures emblématiques de la série. Ils sont néanmoins suffisamment menaçants pour maintenir la tension et justifier les nombreuses escapades périlleuses de nos héros.


Visuellement, Hergé reste fidèle à son style clair et détaillé. Les paysages maritimes, les ports bondés, et les scènes d’action regorgent de vie, et les personnages secondaires – qu’il s’agisse des passagers exubérants ou des marins malintentionnés – ajoutent une touche de réalisme et d’humour visuel. Les navires, en particulier, sont un modèle de précision qui montre l’amour d’Hergé pour les détails techniques.


Narrativement, Coke en stock se distingue par sa densité. L’intrigue, riche en événements et en ramifications, peut parfois sembler un peu trop complexe pour son propre bien. Les rebondissements s’enchaînent à un rythme effréné, ce qui, bien que captivant, laisse peu de place à l’introspection ou à la construction d’une ambiance plus immersive.


L’humour, omniprésent, contrebalance la gravité des sujets abordés, mais cela donne parfois une tonalité inégale à l’album. Le mélange entre satire géopolitique et comédie pure fonctionne dans l’ensemble, même si certaines blagues peuvent paraître décalées par rapport à l’intrigue principale.


En résumé, Coke en stock est une aventure dynamique et pleine de rebondissements, où Tintin et Haddock montrent une fois de plus leur efficacité face à l’adversité. Bien que l’intrigue soit parfois un peu lourde à suivre, l’énergie de l’album et le talent d’Hergé pour mélanger humour et action en font un récit captivant. Une croisière mouvementée où le stock de surprises est loin de manquer.

CinephageAiguise
7

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le 23 déc. 2024

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