Blacksad est de retour, trench-coat impeccable, regard sombre et griffes affûtées. On replonge dans ce New York poisseux et corrompu, où les rues sentent le tabac froid, la sueur et les ambitions brisées. Avec Alors, tout tombe – Seconde partie, le félin le plus classe de la BD continue de gratter sous la surface du rêve américain… mais cette fois, les griffes accrochent un peu moins.
L’intrigue suit la continuité du tome précédent, avec ses jeux de pouvoir, ses complots urbains et ses alliances plus fragiles qu’un verre de bourbon dans un bar mal famé. Le scénario de Canales est toujours carré, bien huilé, mais on sent une mécanique moins percutante, plus prévisible. Là où les premiers tomes explosaient comme une claque de jazz en pleine nuit, ici, on a plus un morceau bien joué… mais sans la note bleue qui surprend.
Par contre, graphiquement, c’est encore un carnage de beauté. Guarnido n’a rien perdu de son génie : chaque planche est une fresque, chaque expression est un film en soi. Les ambiances sont ciselées à la perfection, entre clairs-obscurs magistraux et décors urbains qui suintent la crasse et l’histoire. Si la narration patine un peu, le plaisir des yeux est toujours intact.
Blacksad reste une référence du polar animalier, mais ce tome 7 manque peut-être du coup de griffe fatal qui aurait pu l’élever au niveau des meilleurs. On savoure l’ambiance, on admire l’art, mais on sort de là avec une envie de… plus. Comme si le détective lui-même commençait à sentir le poids des années et du cynisme.
Bref, Alors, tout tombe – Seconde partie n’est pas un mauvais cru, loin de là. Mais Blacksad nous a habitués à mieux, et ça, c’est peut-être son plus grand défaut.