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le 24 déc. 2022
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Toute histoire, dans la fiction, est potentiellement admissible dès lors où on l’exécute avec plus ou moins de maestria. Cela est propre à la bande-dessinée comme au cinéma ; la mise en scène peut même rattraper le plus exécrable des scripts tant qu’un auteur a une vision créatrice. Pourquoi ce dispendieux prologue ? Car l’histoire que m’aura conté Colorless m’a fait espérer que la scénographie sauva les meubles.
Y’en a qui s’en contentent encore, de ces histoires de justiciers implacables venus entraver les plans d’individus et de groupes dont l’immoralité, si mal dépeinte, vous met une fois de plus le nez dans du manichéisme sauce Disney ? Je sature pour ma part. Aurais-je été si friand du concept qu’on m’aurait vu fureter du côté des comics ; quoi que nombreux sont ceux à s’être émancipés de prérogatives si avaricieuses de contenu.
Il a une belle armure le héros, il a un gros flingue, et puis il lutte contre une secte très vilaine et inique qui… pour des raisons qui nous échapperont, sont apparemment tolérés de tous, bien que nocifs en toute occasion qui se présentent à eux. Il y a le gentil, il y a le méchant ; un univers horreur-fantastique dont l’intégralité du contexte nous sera présenté dès le premier chapitres et-puis-c’est-marre. Je relis Area 51.
Car outre ce qui a trait aux contours de l’œuvre, les dessins , eux aussi, m’auront immanquablement rappelé Area 51. Des très très épais, des protagonistes dont tous ont une apparence monstrueuse, le tout, répandu dans un univers analogue au nôtre ; ça a comme qui dirait été déjà fait tout ça. Voilà tout le drame de l’affaire alors que, justement, cela n’était ni fait ni à faire.
Ça n’est pas inspiré. Il n’y a pas de souffle, pas d’idée neuve ; rien que le besoin de produire – produire et non créer – une distraction de bas étage, celle-ci reposant sur les codes de la « badasserie » inepte et creuse prompte à appâter le chaland. Ce n’est pas parce qu’un contenu est nouveau qu’il est nécessairement meilleur, la chose est entendue. Mais multiplier les lourdes itérations scénaristiques d’un script écrit en deux lignes à peine, ça n’est décidément pas une stratégie éditoriale qui mérite d’être payante.
Voilà donc un monde – étroit ce monde – où, parce que mutation, tout le monde se paye une tête de Hollow. Y’a une histoire de couleur mystique, source d’énergie dont l’application concrète ne sera certainement pas aussi élaborée et définie que dans d’autres œuvres écrites plus consciencieusement. Ton énergie ? Vas-y qu’elle fait « Pan » et « Boum » au milieu d’esquisses si saturées qu’on n’aperçoit plus rien.
Les méchants méchancent – le néologisme s’impose à force – et nous bassinent avec leur histoire de couleur et de chromathéon ; ceux-là étant autant de dérivés et détours conceptuels pour ne pas qu’il s’agisse littéralement d’une histoire de prophétie et de Saint Graal. Le tout sera naturellement entremêlé de bastons sourdes convenues entre des protagonistes insipides et monocaractériels. C’est abrutissant à lire, bien que les dialogues cherchent à nous noyer sous un contenu sérieux qui, dans son contenu, cherche à mimer la bonne écriture plutôt qu’à l’incarner.
Il y a parfois de beaux plans – pas aussi souvent qu’on le voudrait – qui, alors plus aboutis qu’à l’origine du manga, bifurquent quelque part entre du Jujutsu Kaisen et… autrement plus modestement, vers du Dorohedoro. C’est accorder un bien bel honneur à Colorless que de l’associer à pareille composition, d’autant que le compliment n’est pas mérité. Cependant, même s’il n’y a qu’un infini soupçon du trait de Kyu Hayashida dans les dessins de l’auteur – KEN, de son petit nom – y’en a.
Colorless, c’est du Last Action Hero nippé de nipponeries qu’on aura trop vues ailleurs. Certains ne se lassent jamais de la même ritournelle pour peu qu’on en modifie une note ou un arrangement ; ceux-là ne seront dès lors que peu indisposés par le contenu. On les aime, hein, ces héros décrétés « badass » qui ont l’air classe à défaut de l’être. Ils sauvent la veuve et l’orphelin de la conjuration de vilains en plus ; que demande le peuple.
« Le peuple… » faisait dire Maurice Druon à Philippe Le Bel dans Les Rois Maudits « … jamais unanime, sauf dans l’ingratitude. ». Ingrat de bonnes choses, il faut l’être – et pas qu’à moitié – pour voir de la grandeur dans une énième bassesse éditoriale.
Créée
le 1 oct. 2024
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