Culotte et slip, c'est la même chose en fait.

Comment commencer ? Je suis mitigé.

Bon, d'abord de l'information, je suis un homme, blanc et même si ça peut paraître idiot de le préciser, ça peut avoir son importance car même si je partage les idées, j'ai bien senti à la lecture, une perception parfois différente du fait d'une éducation et d'avoir évolué justement au milieu de ces modèles socio-culturels. Cette information fait office de mise en garde, donc.

Mes critiques vis à vis de l'ouvrage se porte finalement plus sur la forme que sur le fond alors autant commencer par là.
Déjà, je ne connaissais pas ou peu le blog de Mirion Malle, juste vu une note partagée dans les parages et c'est tout, du coup, c'est finalement une bonne chose de voir un blog bédé édité sur format papier, la visibilité et le confort est bien meilleur, je ne suis pourtant pas spécialement partisan du blog en bouquin mais là le propos le mérite bien et c'est de ce point de vue là que je suis un peu sceptique sur certains aspects formels.
Rien à dire niveau dessin, ça sert le propos et ça fonctionne et même s'il peut y avoir un côté parfois très "brouillon" par instant dans la construction c'est quand même bien rendu avec un bonne dose d'humour et de belles idées scénaristiques, l'avalanche et le cheminement tortueux est bien compensé par la richesse de l'information parsemé dans les pages.
Reste la question de l'écriture, j'ai beau être grand consommateur de l'internet et de toutes les choses belles et moches qu'on y trouve et être familier aux langages qu'on y trouve, je me demande si dans le cas présent, ce n'est pas une frein. C'est un peu un problème, ces articles s'adressent facilement à une frange de la populace assez jeune, moderne, en proie à l'actualité et à notre société contemporaine ultra connecté et qui sont pour la plupart, convaincu ou très en phase avec la démarche mais pour le reste pour le faire découvrir à une personne lambda qui vit l'utilisation du net qu'au travers de simples habitudes pratiques, "Commande Culotte" peut devenir difficilement lisible du fait de l'utilisation d'expression typique du net (et surtout des plateformes de communications, ce qui est encore autre chose). ça en devient plus une interrogation finalement, je me demande quel va être la perception pour ceux qui s'intéresse au sujet mais ne parle pas cet idiome, que l'on croit, à tort, très commun.
Un peu d'honnêteté tout de même, même si c'est omniprésent dans l'ouvrage, c'est souvent par intermittences ou ne perturbant pas trop la compréhension de certains articles thématiques, quoique j'y ai trouvé parfois une gène (cf. mise en garde :)).

Et, dans un soucis de fluidité magnifique, j'en viens à l'autre aspect formel sur lequel je m'interroge, et là, c'est une véritable interrogation, est-ce un choix voulu de l'auteure de se cantonner à une pop-culture très spécifique ?
Le livre est construit sur une alternance entre un article thématique : le slut-shaming, la culture du viol, la légende urbaine que "les filles ne sont pas drôles" (les garçons n'ont plus, en vérité), la friendzone, etc.qui sont extrêmement intéressant et bourré d'informations et des notes sur des objets culturels (séries/films essentiellement) qui m'ont paru autant captivant qu'aléatoires dans le contenu.

Cependant, on ne trouve que des oeuvres très contemporaines, et majoritairement dans des genres qui ont de fortes chances d'avoir un potentiel anti-féministe comme les teenage movies, alors je suppose que c'est un choix délibéré justement à la fois de rester proche d'une actualité et de choisir un élément où il y aura matière à discuter, à décortiquer pour mieux exprimer le propos féministe. J'ai juste trouvé étrange que dans les exemples et contre-exemples parfois utilisés pour montrer qu'on peut faire autre chose, les références restent également très contemporaines alors qu'on a plus d'un siècle de cinéma derrière nous et de des décennies où le féminisme a pu avoir son mot à dire.
Bref, là, ce n'est pas une critique véritable, ne connaissant pas le blog de base, j'imagine qu'on ne trouve qu'une part de ce dernier dans ce condensé papier.

Ben voilà en fait, j'en ai fini avec la forme, reste le fond, qu'en dire ? Si ce n'est que je considère que c'est un super manuel contemporain sur le féminisme et les inégalités encore existantes dans nos sociétés avec une foultitude d'informations et de références pour en savoir plus, des articles écrits avec un savant dosage d'humour et de coup de pied dans la fourmilière, avec toutefois un ton catégorique assez régulier qui n'est pas toujours du meilleur effet mais qui peut être nécessaire.
Ainsi, même si l'on se pense ou se croit féministe, la lecture de quelques notes ajoutent des éléments supplémentaires donnant un nouvel ou un autre aperçu de ce qui est le vécu de la gente féminine.
Et puis, devant la profusion des différents articles, certains m'apparaissent encore plus formidables dans le sens où s'ils traitent du féminisme principalement, ils sont néanmoins transversaux car en abordant la place des femmes, il oblige à voir la place de tout un chacun dans la société et de mettre le nez dans le caca selon l'expression consacré.
En ce sens le pamphlet sur la fausse affirmation "les filles ne sont pas drôles" et la réflexion "Flingues ou Rouge-à-Lèvres" sont très réussis.

Il est fort probable que la partie positive de cet article soit bien plus courte que la partie plus critique, je pourrais avancer deux explications à cet état de fait : Commando Culotte a tout pour être un bon documentaire-BD, un gros potentiel informatif et une réflexion poussée, riche et variée, de ce fait, les petits défauts n'en apparaissent que plus gros et on s'arrête plus facilement dessus.
L'autre, c'est que réagissant comme un homme, blanc, je reste esclave de certains comportements sociétaux qui veut qu'on en exige toujours plus d'une femme dans n'importe quel domaine qui sait ?