Juin 1940. C’est la débandade dans les rues de Paris. En quelques jours, la capitale française se vide de ses habitants. A pied, à cheval ou en voiture, les Parisiens optent massivement pour l’exode. Leur objectif est clair: échapper aux Allemands, qui sont aux portes de la ville. De son côté, le gouvernement français a déjà mis les voiles puisqu’il siège désormais à Bordeaux. Mais avant cela, il a pris soin de faire évacuer les 2.400 tonnes de lingots d’or qui constituent les réserves nationales vers le Canada et les colonies. Tous les coffres de l’Etat sont donc vides. Tous? Non! Dans la panique, deux tonnes ont été oubliées dans une succursale de la Banque de France. En urgence, une équipe de convoyeurs est constituée pour transférer ces lingots oubliés de Paris à Bordeaux. Mais au milieu de la débâcle, leur fourgon blindé représente évidemment une cible de choix pour les malfrats, qui sont bien décidés à profiter de la situation pour s’emparer du magot. Ayant placé un de leurs hommes parmi les convoyeurs, l’ancien boxeur Franck Popp et le truand corse Ange Sambionetti ont un plan pour s’emparer de la tirelire sur roues. Pour le mettre à exécution, ils rassemblent une équipe de choc assez improbable, puisqu’on y retrouve également un Allemand qui n’aime pas les nazis (Kurtz, le chauffeur) et une jeune femme aux doigts de fée (Ninon, la spécialiste en explosifs). A cinq, ils vont tout faire pour s’emparer de l’or de la Banque de France. Mais de coups de théâtres en coups tordus, ces escrocs plutôt sympathiques vont se rendre compte que faire fortune en juin 40, ce n’est pas aussi facile qu’ils le pensaient…
A la base, Xavier Dorison et Fabien Nury avaient imaginé le scénario de "Comment faire fortune en juin 40" non pas pour la BD mais pour le cinéma, à la demande du producteur Thomas Langmann. Mais comme le film n’a jamais vu le jour, Dorison et Nury ont choisi de recycler leur histoire, librement adaptée du roman "Sous l’aile noire des rapaces" de Pierre Siniac, en roman graphique. Et pour le mettre en images, ils ont fait appel au dessinateur Laurent Astier, dont le style plein d’énergie convient à merveille aux histoires de gangsters. Au final, cela donne un récit d’aventure à l’ancienne, avec des vraies "gueules" et des répliques savoureuses. Dorison, Nury et Astier lorgnent clairement du côté des films des années 60 et 70, que ce soient des classiques français comme "Les Tontons flingueurs" et "Cent mille dollars au soleil" ou bien des films américains, notamment ceux de Clint Eastwood. "On n’était pas du tout dans l’idée de raconter juin 40, la France sur les routes, le désespoir, la trahison des élites, la réalité en fait. On voulait faire une histoire d’hommes", explique Xavier Dorison. "C’est un terme très vague et en même temps, on voit tout de suite l’idée. Lino Ventura, Gabin, le sable, la sueur, la Légion, ce genre… Eux la Résistance, la guerre, ce n’est pas leur problème. Leur problème, c’est comment mettre la main sur ces deux tonnes d’or". A l’image de son titre très accrocheur, "Comment faire fortune en juin 40" est un récit efficace et rythmé, qui plaira à coup sûr aux amateurs d’action et de rebondissements. Seul bémol: une fois le livre refermé, on n’en retient pas forcément grand-chose. Car même si c’est indiscutablement de la belle ouvrage, "Comment faire fortune en juin 40" n’a pas la profondeur et l’intensité de la série "Il était une fois en France", scénarisée elle aussi par Fabien Nury.
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