Critique numéro par numéro. J'ai d'abord lu les 2 premiers numéros en VO avant de suivre la série en VF dans le magazine X-Men.
#1 [Décembre] J'ai entendu beaucoup de bien de cette série, du coup je me suis laissé tenté, et il faut bien avouer que ça commence de manière plutôt sympathique, avec de la SF tranquille du slip.
Comprenez par là qu'on est loin du cosmique à la Starlin. On s'en doutait en même temps. On est plus proche de ce que peut faire Kelly Sue DeConnick sur Captain Marvel, avec de la SF en toile de fond, fun et décomplexée, plutôt centrée sur les petits accrochages entre vaisseaux, les gunfights et l'exploration que sur les concepts mystiques et les entités surpuissante et quasiment immortelles.
C'est la SF à la mode en ce moment chez Marvel, et pourquoi pas après tout, l'espace n'est pas obligé d'être compliqué ou mystique. Dans ce numéro on découvre les Starjammers, l'équipage de pirates galactiques dirigés par Corsair, le père badass de Scott Summers alias Cyclope. Ce dernier à visiblement quitté ses petits copains mutant pour aller vivre dans l'espace avec son père qu'il croyait mort. Une dynamique père-fils intéressante est au coeur de la série. D'un côté ce Scott neuneu sorti des 60's, encore un peu gamin, coincé dans le futur et bien dégoûté par ce qu'il va devenir, et de l'autre côté Corsair, qui va enfin essayer de jouer son rôle de père, avec cette seconde chance inespérée qui s'offre à lui après s'être planté par le passé, mais qui n'a pas trop d'idées de comment s'y prendre.
Le concept intéressant c'est que Corsair représente tout ce que Cyclope peut rêver de devenir là où son lui futur le révulse plus qu'autre chose. On ressent aussi vraiment le côté ado de Scott, le fait qu'il ne soit pas encore habitué aux voyages spatiaux... Et de même, on voit bien que l'équipage n'est pas habitué à la présence d'un ado à bord.
Un premier numéro franchement très sympa à lire. Il ne se passe pas grand chose mais c'est cool. Le road-trip spatial père-fils qui s'annonce est prometteur (même si les Starjammers étaient cools) et l'équipe artistique fait franchement un bon boulot, même si les couleurs de Sotomayor sont un brin trop flashy et saturées à mon goût. [7]
#2 [Janvier] Rucka et Dauterman commencent réellement avec ce numéro la petite virée père-fils entre Corsair et Cyclope et ça commence plutôt bien. Pour l'instant la série n'a pas encore de direction claire (si ce n'est cette virée) mais le scénariste pose des pistes ça et là et ça ne devrait pas tarder à se préciser. Déjà, la nature de pirate de Corsair l'amène à être recherché par pas mal de monde et ça devrait déjà fournir quelques intrigues, comme ici la baston de fin de numéro.
En tout cas, même si on nage un peu à vue pour le moment, ça reste très sympathique à lire, avec un petit côté Star Wars/SF fun qui fait plaisir à voir et surtout deux personnages centraux bien maîtrisés par le duo créatif. Que ce soit dans leurs dialogues, leur look vestimentaire ou leurs attitudes, on sent que Rucka et Dauterman ont bien saisis les deux personnages et ça devrait permettre de belles choses. Entre un Corsair bien mystérieux qui se cache sous ses airs cools et badass et un Cyclope qui a tout à apprendre, il y a un beau potentiel. Le scénariste pose aussi des personnages en début de numéro qui pourraient bien devenir des personnages secondaires importants et qui sont intéressants eux aussi...
Bref, cette série Cyclops commence très bien, avec des personnages cools, le côté découverte de la SF et pas mal d'action... C'est vraiment une lecture très agréable, très simple, très fluide, parfaite à lire quand on est fatigué ou à lire entre deux séries plus complexes. Il ne manque en fait qu'un objectif clairement défini et une colorisation un peu moins saturée de la part de Sotomayor pour que ce soit parfait, mais en l'état c'est tout de même un bon début de série. [7]
#3 [Février] Ce numéro est vraiment une très bonne surprise ! Bon, globalement, la série Cyclops est une bonne surprise, mais ce numéro en particulier est vraiment excellent ! C'est beau, les personnages sont super biens caractérisés, on a une relation père-fils qui marche du feu de dieu et qu'on aimerait voir plus souvent en comics tant cette dynamique est intéressante, on a un nouveau statut quo qui chamboule tout et qui donne de véritables enjeux pour la suite de l'arc, toute les révélations et explication qu'on attendait et qu'on pensait ne jamais voir arriver... Non franchement, il n'y a pas grand chose à redire sur ce numéro, c'est tout bonnement une réussite, c'est vraiment super bien écrit, Dauterman illustre ça très bien... Et j'espère que les deux derniers numéros écrits par Rucka seront de qualité équivalente et que le nouveau dessinateur sera lui aussi talentueux. On pourrait alors tenir une bonne petite pépite... [9]
#4 [Avril] Naooo, Dauterman, où es-tu ? Carmen Carnero s'en sort plutôt bien aux dessins, pas de doutes là-dessus, mais il est tout de même un peu moins bon, un peu moins solides, et surtout il n'arrête pas de mettre des plans en plongée mal maîtrisés qui n'aident pas vraiment.
Après, je dis ça, mais j'ai bien aimé sa façon d'interpréter graphiquement Cyclops et Corsair qui colle bien au scénar' de Rucka. Il rapproche en taille les deux personnages, donne moins d'emphase au personnage de Corsair, atténue un peu sa classe et le rend par là même plus humain et fragile. Ça désacralise le père, et ça colle bien finalement à son espérance de vie diminuée révélée dans l'épisode précédent. Comme si Cyclops ne le voyait plus comme un héros, un modèle, mais simplement comme un homme comme un autre. De même, Cyclops a vraiment une silhouette de grand échalas adolescent de 16-17 ans, qui a la taille d'une adulte mais encore le visage et le comportement d'un gamin et ça lui convient parfaitement et ça retranscrit exactement le personnage.
Côté intrigue, Rucka continue son récit de survivants entre père et fils. C'est toujours intéressant, la caractérisation des personnages est toujours aussi juste et ça se lit bien. Ça manque peut-être d'une scène vraiment forte, mais c'est loin d'être déplaisant et ça à l'avantage de mettre en place la résolution tout à fait correctement, sans que ça ne paraisse forcé, tombé du ciel ou précipité. Ce qui n'était pas gagné vu la direction prise par cet arc. [8]
#5 [Mai] Nous voilà donc à la fin du run de Rucka sur Cyclops et ce dernier numéro est encore une fois une réussite. Le scénariste arrive à boucler sa petite intrigue de manière très satisfaisante, la nouvelle petite alien qui se ramène est très intéressante et bien écrite, c'est rythmé, les dialogues sont soignés, les personnages biens caractérisés... C'est vraiment du bon boulot. Et puis les dessins de Carnero sont toujours sympathiques, avec un Scott ado vraiment bien rendu.
De toute manière le personnage marche vraiment bien (j'aime le fait qu'il sache déjà se battre vu son passé avec les X-Men, mais qu'il ait le côté nigaud d'un ado et qu'il doive s'adapter à ce nouvel environnement spatial qu'il ne maîtrise absolument pas), tout comme ce concept de le faire vadrouiller dans l'espace avec son père adoptif. C'est une vraie bonne idée qui offre un style d'histoire assez inédit et franchement pas désagréable. Donc très bon arc/run pour cette série Cyclops. [8]
#6 [Juin] Hop, changement total d'équipe. John Layman débarque au scénario, Javier Garron aux dessins, seul Chris Sotomayor et ses couleurs flashys demeurent en place. La première double page étonne un peu, on se demande un peu où est-ce qu'on a débarqué, mais en fait le numéro est intelligemment construit et l'explication se fait naturellement par la suite. Je craignais le pire avec le changement de scénariste, mais ça reste franchement solide. Le fait d'avoir Scott, avec son côté ado timide et maladroit, qui essaye de s'intégrer à un groupe de pirates qui se connaît de longue date est vraiment chouette. Ça fonctionne très bien et c'est bien rendu.
Garron est un peu inégal aux dessins, il a un peu de mal à réellement maîtriser les personnages des Starjammers (qui ont quand même des designs particuliers) mais se débrouille vraiment bien sur Cyclope dont les attitudes et expressions sont très bonnes.
La nouvelle intrigue qui se pose ici n'est pas pire qu'une autre. C'est pas la grande folie mais je suis curieux de voir ce que ça donner, surtout que c'est quand même pas mal écrit. [7]
#7 [Août] La série continue de manière tranquille. Layman déroule son intrigue, présente les nouveaux persos et la situation dans laquelle se retrouve notre héros avant de faire évoluer la situation sur la fin du numéro pour pouvoir terminer sur un gros cliff. C'est sympa, mais il manque un truc à ce nouveau run de Cyclops pour qu'il soit aussi bon que celui de Rucka. Pourtant, notre cher ado mutant continue d'être plutôt bien écrit, mais il n'y a plus la même magie. Peut-être est-ce les dialogues un peu moins réussis de manière générale, ou le fait que Corsair soit un peu moins présent ?
Niveau dessin, ça fait le job' sans décoller la rétine, et on a toujours le droit aux couleurs un brin trop flashy de Sotomayor. [6]
#8 [Septembre] Décidément, dans cette reprise de la série Cyclops par Layman, la sauce ne prend pas. Plusieurs raisons à ça : la série reposait sur un super team-up entre Cyclope et son père et Layman a décider d'emprisonner Corsair durant tout l'arc et de ne pas utiliser le personnage. Super malin comme idée ça déjà. Ensuite, il remplace tout le supporting cast par un nouveau, qu'on sait malheureusement d'avance qu'il est temporaire, donc ce n'est pas top pour s'y attacher, et en plus ce nouveau cast manque grandement de charisme. Visuellement ils fonctionnent moins bien que les Starjammers et niveau caractère, ils sont plats. Y a le terrible capitaine, sa fille qui est la jolie jeune femme du même âge que Cyclope et qui semble servir de love interest, y a le bourrin au grand cœur, l'insecte intellectuel, le traître bourru... Aucun personnage ne dégage la moindre profondeur ou la moindre subtilité...
Que dire d'autre ? Cyclops est rarement en danger, donc on s'inquiète pas trop pour lui. Et l'intrigue globale est plutôt quelconque. On nous tease un peu Black Vortex, mais je dois avouer que le crossover est loin de me faire rêver... Niveau dialogues, rien d'incroyable, y a pas spécialement d'humour non plus, les dessins sont assez génériques, les couleurs toujours trop pétantes... Bref, c'est vraiment du comics de super-héros bien basique. C'est pas mauvais, c'est toujours mieux qu'Amazing X-Men il y a quelques mois, mais ça n'a que très peu d'intérêt. [5]