D'air pur et d'eau fraîche
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D'air pur et d'eau fraîche

BD franco-belge de Pèro (2012)

Lorsque je suis en festival, c'est l'occasion de rencontrer de auteurs, de tisser quelques liens. Et puis aussi de découvrir des auteurs, des BD. Je regrette de n'avoir pas pris le temps de glaner dans certains festivals ou d'avoir été radin (j'aurais dû prendre cette édition limitée de Marc Hardy) surtout que j'ai parfois un peu peur de déranger un auteur qui a déjà beaucoup dédicacé. Mais aussi, ne nous voilons pas la face, parce que tout n'est pas bon et que j'ai rencontré des auteurs que j'apprécie humainement mais dont je trouve le travail médiocre (mais que doivent-ils penser du mien, héhé). Dans ce dernier festival BD auquel j'ai été (à ce jour), un libraire avait bien mis en évidence les albums de tous les auteurs présents (sauf le mien hum), j'ai ainsi pu feuilleter tous les bouquins sans devoir supporter le regard de l'auteur, qu'il soit un vieux de la veille ou un jeune poulain désespéré comme moi. Et de tout ce que j'ai lu, seuls quelques albums m'ont un peu plus intéressés, ceux de Pero. "D'air pur et d'eau fraîche" m'a semblé être le haut du panier ; bon, je n'ai fait que feuilleter, c'est difficile de se faire une idée. D'ailleurs, en feuilletant celui-ci, je n'ai pas été super emballé mais je me suis dit que j'appréciais le trait et puis que ça pourrait servir d'inspiration graphique pour le western que je veux dessiner (mais c'est pas pour tout de suite) ; certains me diront que je n'ai qu'à relire les Blueberry ou Jerry Springer pour ne citer qu'eux, sauf que je n'ai pas du tout le même style que ces deux auteurs (déjà fort différents) et que je ne peux pas apprendre un style comme ça d'un coup, ça prend du temps... donc je me rabats sur des BD plus minimalistes, au style plus jeté, plus brut.


Et bien après lecture complète et au calme de cette BD, je me rends compte que j'apprécie. Je trouve dommage que l'intrigue soit si 'facile' : cela consiste en une succession de faits, de mésaventures arrivant au héros ; en d'autres termes, le pauvre bougre en prend plein la tronche assez gratuitement, l'auteur étant assez cruel envers ses personnages. Mais en même temps c'est assez intéressant comme point de vue, comme manière de montrer la dure vie d'un pauvre paysan. Surtout qu'on ne tombe jamais dans le misérabilisme horrible : ce qu'il subit, il aurait pu y échapper et surtout ce n'est pas la fin du monde parce qu'il les subit. En refusant d'appuyer l'aspect dramatique, l'auteur parvient à délivrer une histoire sordide mais légère. L'ajout d'humour aide en ce sens. L'autre intérêt, c'est le refus de texte : le récit est muet mais compréhensible. Le scénario est simple, linéaire. Malheureusement, l'auteur a recours à des dessins dans les phylactères lorsqu'il n'arrive pas à raconter son histoire de manière réellement muette. Mais ça reste assez chouette.


Graphiquement, c'est réussi. le trait est plaisant et toujours lisible. Le dessinateur parvient à construire une grammaire cohérente. On sent qu'il se plaît à dessiner cet univers : les montagnes, les prés, la vieille ferme, le chien. Le découpage est bien pensé, peut-être parfois un peu facile ou pas assez poussé (la plupart des gros plans sont peu intéressants et la répétition de cases donne l'impression de gagner du temps plus que de jouer avec le rythme). Le noir et blanc aurait pu être plus accentué (j'aurais aimé plus de masses de noir).


Bref, cet album est plutôt sympa à lire. Dommage qu'au final ce point de vue ne serve pas une histoire mieux construite mais ça reste intéressant et puis le graphisme est plaisant.

Fatpooper
7
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le 11 janv. 2018

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