Avec D.N.A² (1993), Masakazu Katsura nous propose un cocktail de science-fiction, de romance et de comédie, le tout servi avec une pincée de voyages temporels. Sur le papier, l’idée de corriger un "playboy mégaprolifique" pour sauver l’humanité a tout pour intriguer. Mais dans les faits, l’exécution manque de panache, et l’intrigue ressemble davantage à une mutation maladroite qu’à une évolution narrative.
L’histoire suit Junta Momonari, un lycéen maladivement allergique aux filles (littéralement), mais destiné à devenir un super-playboy dont les conquêtes provoqueront une explosion démographique apocalyptique. L’intervention d’une agente temporelle, Karin, pour modifier son ADN et éviter ce chaos aurait pu être le point de départ d’une aventure aussi délirante que palpitante. Malheureusement, D.N.A² peine à choisir entre comédie légère et réflexion sci-fi, et finit par tomber dans un entre-deux frustrant.
Junta, notre héros, est sympathique mais terriblement générique. Son évolution, censée être le moteur de l’histoire, est aussi prévisible que les allergies qui le définissent. Karin, de son côté, oscille entre le rôle de guide maladroite et celui de love interest un peu forcée, sans jamais vraiment briller. Les personnages secondaires, bien que colorés, restent enfermés dans des clichés et peinent à apporter du relief à l’ensemble.
Visuellement, Katsura sait ce qu’il fait. Les dessins sont impeccables, les personnages charmants (parfois trop parfaits), et les scènes d’action, bien que rares, sont dynamiques. Mais cette maîtrise graphique ne suffit pas à compenser un récit qui s’éparpille. Même les moments romantiques ou comiques, pourtant la spécialité de Katsura, manquent souvent d’impact, comme si l’auteur lui-même hésitait sur le ton à adopter.
La science-fiction, censée être l’élément différenciant de D.N.A², n’est qu’un prétexte pour enchaîner des quiproquos et des transformations physiques un peu absurdes. Le potentiel du concept – jouer avec l’ADN pour changer le destin d’un personnage – reste largement sous-exploité. Au lieu de pousser les implications scientifiques ou philosophiques, l’intrigue préfère multiplier les situations convenues et les gags faciles.
Et puis, il y a la fin, qui arrive si vite qu’elle semble presque bâclée. Les questions posées restent sans réponse, et les arcs narratifs s’entrelacent maladroitement avant de s’effondrer. On a l’impression que Katsura avait plus d’idées qu’il n’a pu en développer, laissant le lecteur face à une œuvre qui promet beaucoup mais n’accomplit qu’une partie.
En résumé, D.N.A² est un manga qui séduit par son concept et ses visuels impeccables, mais qui échoue à construire une histoire à la hauteur de ses ambitions. Masakazu Katsura livre une œuvre divertissante par moments, mais trop hésitante pour vraiment marquer les esprits. Un manga qui joue avec le temps et les gènes, mais qui aurait eu besoin d’une bonne dose d’évolution pour atteindre son plein potentiel.