cette critique concerne les 2 volumes du Fury de Garth Ennis et Goran Parlov.

Au vu des derniers travaux de Garth Ennis, on pourrait presque oublier qu'il a à son actif des œuvres cultes tel que Preacher ou son long run sur Punisher.
Malheureusement, il y a bien longtemps que j'ai arrêté de me passionner pour son travail qui , pour moi, n'était devenu qu'une caricature se reposant sur le ton qui avait fait son succès à l'époque.
Le côté irrévérencieux et violent d'un The Boys se retrouve à devenir grotesque et usant alors qu'il était si drôle et intelligent dans Preacher.
Enfin bref, il ne se renouvelait pas et se reposait un peu trop sur ses acquis.

Alors forcement quand j'entend parler d'un Fury écrit par le Monsieur, j'émet quelques réserves.
Surtout que ce n'est pas sa première tentative de reprise du personnage et elle était loin d'être réussie.
Pourtant à la lecture du premier volume, il faut bien avouer que c'est une réussite sur tous les points.
On a souvent tendance à oublier que Garth Ennis aime les récits de guerre. Il sait les écrire comme personne.
Et c'est l'option qu'il a choisi de prendre pour ce Fury.
Il a complètement délaissé le côté super héros du personnage, ça ne l'intéresse pas.
Ici , on ne parlera pas du Shield, le colonel Fury tel que les lecteurs de comics (ou les fans du film) le connaissent n'existe pas et à part la présence de Frank Castle (Punisher), il y a aura aucune référence à l'univers Marvel.
Le propos est tout autre et si ce parti pris pourra en choquer quelques uns, il faut bien avouer qu'Ennis maîtrise le genre comme personne et il évite ainsi de déverser sa bile sur un autre qu'il arbore au plus haut point.

Ainsi, Garth Ennis reprend la figure du héros de guerre, la légende qui se retrouve à traverser toutes les guerres auxquels les Etats-Unis auront participer de près ou de loin.
Violence des conflits, business de la drogue et autres profits, petits arrangements entre politiques, rien ne nous sera épargner et on en prend plein la gueule.
Cependant, Ennis à l'intelligence de détendre tout ce là avec un humour noir et pince sans rire beaucoup plus fin que les parties de baises ou les arrachages de bras dont il nous avait tant habitué.
Les 2 tomes de Fury sont sans concession.
Les punch lines se font plus rares mais elles s'avèrent aussi plus efficaces et drôles.
Et surtout, il y a cette vision du héros vieillissant qui n'a aucune prise sur les événements contrairement à ce qu'il aimerait croire.
L'homme est arrogant, égoïste et il est une plaie pour les gens qu'il côtoie. D'ailleurs la plupart paieront le fait d'avoir seulement croiser son chemin.
Son image est brisée et les relations qu'il entretient avec le reste du casting ( tous excellemment développées ) sont complexes et au final terriblement humaines.
L'autre point fort du récit , outre l'excellent boulot de Goran Parlov, c'est qu'il ne s'embarrasse pas de continuité.
Tout y est possible et c'est aussi grâce à cela qu'Ennis peut nous offrir une vision aussi tranchée du super espion du Shield.

Fury s'avère, outre la surprise de relire du Garth Ennis en grande forme, être une oeuvre forte, violente sans concession mais au final terriblement humaine et touchante.

Oubliez The Boys et lisez Fury, vous ne le regrettez pas.

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