Dangereuses manies - Hellblazer, tome 3 par Ninesisters
Garth Ennis commence sa carrière de scénariste en 1989. Si son premier projet important reste son passage sur Judge Dredd – un personnage qui colle parfaitement à son style – c’est bien Hellblazer qui lui apporte une véritable notoriété au pays de l’Oncle Sam.
Hellblazer raconte la vie de John Constantine, un personnage créé par Alan Moore pour sa série Swamp Thing ; c’est Jamie Delano qui, en particulier, apportera ses lettres de noblesse au titre. Selon Warren Ellis, John Constantine est l’incarnation de l’Angleterre sous Margaret Tatcher, un anti-héros désabusé, cynique, et éthylo-tabagique. Officiellement, il s’agit d’un détective privé spécialisé dans le paranormal ; dans les faits, il imite Humphrey Bogart et s’occupe surtout de faire le ménage après que quelqu’un se soit amusé à jouer avec des forces qui le dépassaient.
Dès son arrivée sur la série, Garth Ennis nous pond Dangerous Habits, une histoire qui tire le meilleur du personnage, transcende le titre, et le fait passer du statut de comics de qualité à celui de lecture incontournable, en profitant au passage pour donner un bon coup de pied dans les couilles du lecteur.
Dans cette histoire, John Constantine va être confronté à son pire ennemi : son propre corps. Il a un cancer. Il avait toujours pensé qu’un démon quelconque aurait sa peau, mais pas celui des cigarettes. Le temps est donc venu de faire le point sur sa vie. Mais John ne compte pas se laisser faire si facilement : pour vaincre son cancer, il est prêt à tout. Même au pire.
Garth Ennis a parfaitement saisi son personnage, à commencer par son cynisme et son opportunisme. Il a aussi compris que son univers démoniaque lui ouvrait de nombreuses possibilités, y compris celle de transformer l’eau bénite en Guinness. Dangerous Habits est une œuvre jouissive car politiquement incorrecte, prônant un individualisme extrême et s’achevant par un doigt tendu à la face du monde. Je n’ai pas encore eu l’occasion de lire la suite de son travail sur Hellblazer – notamment car la gestion des droits en France est compliquée, et j’ignore bien ce que fera son nouvel éditeur – mais si c’est du même niveau, je crois que je prendrai la VO sous peu.